Musique du crépuscule par denizor

La pop (au sens large) a toujours fricoté avec le Classique, elle y a trouvé son inspiration ou s’est octroyée des parties avec quatuor à cordes. Avec Les Fragments de nuit, franchissons un nouveau cap, en enlevant les ingrédients pop/rock pour ne garder que le classique. Le chant devient quasi inexistant et ces chœurs (corps ?) célestes ressembleraient presque à du gothic façon Lisa Gerrard, à moins que ce soit le génial Arvö Part qui en soit le grand inspirateur (la ronde des fées, le château enchanté). La formation est, elle, stricto sensu classique : un violoncelle, trois violons et un piano. On pourrait se demander par quel élément de hasard les Versaillais se retrouvent chroniquer dans ses pages. Eh bien en écoutant, la musique des Fragments de la Nuit, on a l’impression d’entendre certaines moments de A Silver Mt Zion, de Yann Tiersen et tout naturellement de Goo goo blown (le bonhomme) puisque deux membres du quintet sont membres de ce groupe de rock.

A écouter Les Fragments de la Nuit, on se dit que les guitares sont parfois inutiles pour transmettre une émotion et une batterie fortuite pour insuffler une force. Les morceaux sont courts comme des pièces cinématographiques. Elles peuvent être échevelés ou plus contemplatives ou même trouver une nouvelle interprétation à la locution latine « festina lente » (avec un piano qui scande sur des violons qui rêvassent et parfois le contraire). Elles évoquent bien sûr des BO de films, les univers de Michael Nyman, Wim Mertens (Entre ciel et fer) ou le plus sobre Howard Shore. Le quintette trouve aussi son inspiration dans la Musique Française ainsi que dans les partitions plus répétitives de Philip Glass et dans les pièces courtes d' Arvö Part. L’ambiance générale est pourtant très anglaise, les mélodies en clair-obscur évoquant tout naturellement l’idée générale que l’on se fait du romantisme anglais. Reste à trouver le livre de Thomas Hardy ou de Mary Shelley qui se prêtera le mieux à cette musique qui donne à voir. Entre Tess, Jude l’obscène et Frankenstein, à vous de choisir.