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6.8
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Album de Infinit' (2017)

Rappeur originaire d'Antibes, Infinit est un rappeur opérant depuis les années 2007 au sein du collectif D'en Bas Fondation, ou DBF pour les intimes. Composé de rappeurs, de beatmakers et d'activistes du rap sudiste, ce groupe produit des compilations pour les rappeurs locaux et est connu pour son sens précis de la rime et du multisyllabique. Ici chaque rime a son importance, on ne fait pas de la rime pour faire de la rime, et le second degré est fondamental.


Connecté depuis longtemps avec les membres de l'Entourage comme Deen Burbigo ou Alpha Wann, il sort en 2013 une mixtape "Ma vie est un film" sur laquelle on peut justement retrouver Alpha et Veust en invités.


Deux ans plus tard, le Niçois continue à faire parler de lui. Tout d'abord, un premier projet "En attendant Pluss" apparaît sur la toile, très rapidement secondé par le vrai opus PLUSS. C'est sur cette deuxième mixtape qu'un morceau produit par DJ Weedim va déclencher une polémique : "Christian Estrosi".


À cette époque, Estrosi n'est plus le maire de Nice mais reste un homme politique influent. Si cette chanson est clairement un egotrip à sa gloire, le côté "parrain politique local" dépeint par Infinit ne lui plait pas du tout. Il porte alors plainte et demande à ce que le son soit supprimé de YouTube. Il va même jusqu'à déprogrammer, par le biais de ses relations, le rappeur de toutes sortes de concerts dans le 06. La carrière d'Infinit se voit alors ralentie, mais gagne néanmoins en visibilité grâce à cette sombre histoire.


Après une longue bataille juridique dans laquelle l'Antibois a obtenu gain de cause, l'année 2017 se profile et un nouveau projet de Infinit voit le jour sous le label Don Dada. Intitulé sobrement NSMLM pour Nique Sa Mère Le Maire, cet EP fait directement référence au film "La Haine" avec Vincent Cassel
Reprenant habilement l'affiche d'origine en y intégrant le visage de Infinit, on y entend aussi dès l'Intro la phrase mythique "Eh le maire, nique sa mère le maire fils de pute". Les introductions étant rarement clipé, le morceau donne directement le ton. On a à faire au Prince de la Ville et le Sale peut commencer. ​


Élégamment habillé d'un perfecto rouge ainsi que de lunettes, qu'on peut indéniablement appeler "lunettes d'Hipster". Infinit est accompagné d'une Ferrari rouge entourée par des palmiers sentant bon la côte d'Azur.


L'auditeur reçoit alors un premier avertissement avec un rap technique, arrogant et plein de punchlines bien senties : "en payant pas tes dettes tu mets ton pd d'fils en danger" / "tu baises ta meuf c'est toi qui tombe enceinte comme chez l’hippocampe".


Est-ce compris le zin ?
"Aloura le zin. Aloura le zin. Aloura le zin. Aloura le zin. Aloura le zin. Aloura le zin."
Morceau plein d'egotrip, Infinit continue d'être facile à l'aide d'une aisance technique et d'un schéma de rime implacable.


"Laisse nous", faire ce qu'on fait, est le deuxième son du projet à avoir été clipé et demeure résolument moderne. Infinit y dépeint sa vie et celle de ses gars dans le 06. Allant de l'arraché de sac, au dosage de zeub jusqu'aux soirées non mondaines, on découvre dans ses dires un quotidien respirant le système D.


Après nous avoir méticuleusement expliqué son mode de vie, Infinit nous ramène alors au quartier, plus précisément dans la Fondation, pour nous montrer une facette "Cru" de son existence. Parfaitement résumée par le refrain "J'suis le mélange de tous les films que j'ai vu, des livres que j'ai lu, des kilos que j'ai fumé, des litres que j'ai bu", le Niçois nous assène toujours autant de phases efficaces, parle surtout de bedave et de richesses matérielles (Rolls rouge ou Bentley bleu, mais surtout de la beuh qui pète les beujs).


Profitant de l'état de choc dans lequel est plongé l'auditeur, Infinit en profite pour nous emmener dans une pièce sombre parée de drapeaux affublés d'un mystérieux A.. Bandeau sur les yeux, on nous fait asseoir sur une chaise en silence .
On vient juste de comprendre. Infinit essaye de nous embrigader dans la Secte Abdoulaye.


A peine assis, on entend alors résonner "Eh le maire, nique sa mère le maire fils de pute" pour la deuxième fois. Le rite initiatique débute, à base de "méditation" et de "lévitation". Un deuxième individu nommé Veust rentre à son tour dans la pièce. Les deux chamanes expliquent alors l'idéologie de leur fondation.


Pleinement convaincu par les 2 compères, ils nous proposent alors de faire un tour "Dans le Coin" pour nous décrire une nouvelle fois comment ça se déroule dans le zoo. Texte rempli de références, Infinit est une fois de plus tranchant, efficace et drôle. Il confirme ses dires du refrain de "Cru". On ne compte plus les phases subtilement écrites et on sent qu'il a bien rodé son discours avant de nous en faire part. "Si Dieu m'a donné des yeux, c'est pas pour faire une confiance aveugle"


Le rappeur décide ensuite d'être un peu plus personnel dans les deux derniers morceaux du projet. Tout d'abord il continue de nous raconter sa thug Life "sans le bandana et le nœud devant" dans "Sud Est". Il y parle encore une fois de bedave, de ses zins et glisse de nouveau quelques grosses performances lyricales.
Délicieusement accompagné par des scratchs, le refrain est teinté d'une ambiance old-school donnant l'impression d'un entourage soudé se connaissant depuis un bail.


Il est maintenant l'heure de quitter le quartier. C'est alors que notre zin nous interpelle sous le "Porsche" pour nous confesser quelques derniers désirs. Sur une instru laissant place à la nostalgie, Infinit nous dévoile le destin espéré pour son fils et jette un regard introspectif sur sa vie passée et son quotidien, avant d'entendre un dernier mot d'amitié pour le maire.


Adulé pour son aversion contre la politique, Infinit renforce son statut d'enfant choisi par le peuple. Un Prince né dans la rue. Il trouvera certainement Excalibur pour les élections nationales.


#Zin #NSMLM

hugzcalleti
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le 31 oct. 2017

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Hugo Larroque

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