Comme l’on pouvait s’y attendre, Outrun est un album frustrant qui a du mal à se trouver une réelle identité. La faute à des influences trop présentes (Ed Banger), une production trop envahissante, mais aussi et surtout, à cause des titres issus des précédents EP de Kavinsky. Elles font figure de remplissage et ont du mal à s’intégrer avec les nouveaux morceaux ; les sonorités ayant définitivement trop évoluées entre Deadcruiser, Nightcall et Protovision – les rework n’y changent rien.
Parmi les nouveautés, je retiens surtout l’intro et l’outro, Prélude et Endless, toutes deux empruntes de sonorités datées eighties avec des arpeggios interstellaires, remis aux goûts du jour grâce à la production signée SebastiAn. Par ailleurs l’influence Moroder se fera sentir sur Prélude avec des chœurs qui nous rappellent méchamment le thème de Scarface. Endless quant à elle conclue l’album et renforce ce sentiment amer d’un disque sorti trop tôt, ou beaucoup trop tard, et ce avec une direction artistique trop confuse.
Blizzard qui enchaîne Prélude tape dans quelque chose de plus rock, un peu comme Justice sur Audio Video Disco, mais en moins bien. Pas franchement marquant, surtout lorsque l’on sait que ça vient d’un sample à peine modifié. Pour rester dans le registre des instrus, Protovision s’impose facilement comme la meilleure track de Kavinsky 2.0. Reste Rampage qui sort tout droit de Dragon Ball Z, là aussi, on repassera pour l’originalité. C’est très mauvais.
Pour le reste, il faudra faire avec des featuring. Si ça avait parfaitement fonctionné sur Nightcall, on est un peu plus perplexe concernant les autres tracks de l’album. Suburbia s’en tire à bon compte dans le mélange des genres, bien qu’on préfèrera nettement réécouter Nightcall vs. Notorious B.I.G. Odd Look, pas franchement dégueulasse en soit, tient la place du plat réchauffé à oublier, une fois de plus ; autant écouter Embody à ce compte-là. Il y en a d’autres, mais c’est suffisamment anecdotique pour ne pas s’y attarder.
Un mot tout de même sur les titres que l'on connaissait déjà. Nightcall, j’insiste, est de loin le meilleur morceau de l’album tout confondu. On remerciera la production signée Guyman ; c’est épuré et ça tabasse. Testarossa malgré son âge arrive encore à nous faire dodeliner de la tête, et ça c’est toujours un signe positif. Le reste, c’est juste daté.
Au final, on regrettera que SebastiAn soit à la production. Il écrase le style de Kavinsky et n’apporte rien à la composition et aux arrangements faiblards de l’auteur, d’autant plus qu’il n’a pas été d’une grande inspiration. C’est peut-être là le plus gros problème de l’album…
De l'aveu même de Kav', il s'agît là d'un album de branleur.