Le monde de l’indé est aléatoire. Le temps de sortie entre 2 albums peut être long, sans compter que l’on est même parfois obligé de se prendre en main et de monter son propre label pour diffuser sa musique. La routine, quoi, auquel n’échappe pas Nestor is Bianca, certifié pourtant par le FAIR… en 2002. Réalisé avec Robin Dallier (Tue-Loup) sur des arrangements de Olivier Mellano (Mobiil, Laetitia sherif, Bed), ce deuxième opus est une petite merveille d’indie rock, introspective mais classieuse, insaisissable comme l’air mais sombre et puissante. Nestor is Bianca n’appartient à aucune chapelle, où en tout cas toutes leurs références (Yo La tengo, Migala, Tortoise pour n’en citer que trois) sont parfaitement assimilés et le trio de Vendôme a suffisamment d’ouverture d’esprit pour faire fondre dans son creuset des idées issus de mondes parallèles. Ce n’est pas pour rien si l’album s’ouvre sur Angel and Lord avec le trombone de Benoît Louette (Rubin Steiner) en guest.
Le rock de Nestor is Bianca est mâtiné d’électronica, trouve une possible incarnation confrontée à la musique de chambre (Perfect ear avec Gilles Constantini au violon/Violoncelle) ou peut s’amuser à faire jouer une frise psyché-arabisante à la guitare (Dark side). Ce constat est le produit d’une analyse (c’est un peu mon job ici) et mais pas criant à l’écoute car tout s’accorde parfaitement, de manière transparente dans la musique de Nestor Is Bianca, modèle d'un rock moderne en 2006. Le groupe a été marqué comme beaucoup par le post-rock et s’octroie des plages d’errance, de rêverie. Mais Nestor is bianca recentre toujours le débat, ne se perdant jamais et avec lui, la pertinence de ses morceaux. Et heureusement car le groupe a un autre atout : la voix de Lionel Laquerrière, ténébreuse tout au long de l’album, qui a même des accents proches de Murat le temps de pleasure. On referme le disque le sentiment d’avoir écouté un disque vraiment essentiel.