Pdpmhar
Pdpmhar

Album de Laurence Revey (2008)

Laurence Revey a le CV long comme le bras ; elle qui a eu la chance de collaborer avec des artistes comme Bugge Wesseltoft, Hector Zazou, Nils Petter Molvaer, Gus Gus ou Transglobal Underground. Tous ont été intéressés par le grain de voix de la Suissesse. Ce qui ne l'empêchera pas de passer, pour nous Français, comme la petite soeur de Diterzi. Comme un défaut hexagonal de toujours ramener la couverture à soi. En fait, Laurence Revey a surtout une bonne partie des mêmes influences de Claire Diterzi - avouons-le, on le remarque aussi car ce chemin est moins largement emprunté et donc plus spécifique. Les deux femmes ont cette même facilité d'intégrer dans la pop des éléments world et d'utiliser avec naturel des machines. Et ce n'est pas avec Arto Lindsay (David Byrne, Laurie Anderson) et Bardi Johannsson (Bang Gang), entre autres producteur de l'album, que ces deux points vont changer. A voir la pochette "girlie", on déchante un peu. Et le début variétoche de Jour/nuit ne laisse présager rien de bon. Pourtant, ce titre placé en début d'album résume à lui seul une oeuvre mélangeant le très haut et le très bas. Preuve que ce genre de musique, fortement ornementée et féminisante à l'extrême, est vraiment casse-gueule. Le jour et le nuit, à l'instar du titre lui même qui, s'il commence mal, finit bien dans une pop trip hop qui, sur la longueur, a la pouvoir d'un filtre d'amour (on pense à Archive). Pour le reste de l'album, on peut séparer dans deux colonnes ce qui fonctionne bien et ce qui se plante en beauté.


Commençons par les points qui fâchent : un texte et une mélodie aussi simpliste que Zazie plombe un morceau par ailleurs arrangé de cordes dans l'esprit d'un Ravel Orientaliste (L'eau) ; un ave maria embourbé dans la guimauve et qui pousse même le vice à sortir un son de flute à la niaiserie proche de Titanic. Et je ne parle même du bonus track God save the peace, reprise de l'hymne américain qui vous donne des caries illico presto). Qu'il est dur de ne pas tomber quand votre musique d'équilibriste essaye de toucher à la pureté en passant sur un océan de pathos, de décorum, de sensiblerie. Pourtant comme Claire Diterzi, peut-être plus aguerrie à l'exercice, Laurence Revey touche au but sur une bonne partie de son album. La jeune femme fait sienne la pop hallucinogène de Crustation (Your soul), l'électro-pop worldisante de Bel Canto (Valts'in, stay, le maundo), des sonorités plus rock mais tout aussi sensuelles ( I know...au jeu des références, on pense à Omr). Comme Liz Frazer, elle utilise les langues étrangères comme autant de sonorités différentes possibles. Dans ces moments, on est prêt à succomber à ces appels vers l'onirisme. Dommage que d'autres fassent aussitôt retomber le soufflé.

denizor
5
Écrit par

Créée

le 17 sept. 2015

Critique lue 45 fois

denizor

Écrit par

Critique lue 45 fois

Du même critique

Oiseaux-Tempête
denizor
8

Critique de Oiseaux-Tempête par denizor

Le monde appartient aux ambitieux et Oiseaux-Tempête ne nous propose pas un simple voyage post-rock mais une véritable Odyssée dans une musique qui n’a pas encore livré tous ses secrets. Album après...

le 10 janv. 2014

13 j'aime

Pain Is Beauty
denizor
8

Critique de Pain Is Beauty par denizor

Il est amusant de voir la promo de Chelsea Wolfe ramer pour définir la musique de la demoiselle : « drone-metal-art-folk » tel est le genre-valise utilisé pour catégoriser la musique de l’Américaine...

le 28 oct. 2013

12 j'aime

After My Death
denizor
7

Psyché adolescente et autopsie d'une société

Samaria ou Poetry, le cinéma sud-coréen est hanté par les suicidées adolescentes. Nouvelle pierre à cet édifice mortifère, voici After my death, premier film de Kim Ui-Seok. Glaçant. Kyung-min, une...

le 19 nov. 2018

11 j'aime