Cet album semble difficile à trouver aujourd’hui en support physique et c’est dommage. On peut le trouver parmi les 25 CD du coffret « La discothèque idéale Blues en 25 albums originaux ». Percy avait déjà une carrière déjà longue comme interprète mais aussi en tant que compositeur (« Hit the road Jack » en 61 pour Ray Charles, c’est lui !). Et c’est vrai que vocalement, on pense souvent à Brother Ray, la similitude frappe aux oreilles : « My Error » pourrait être chanté par Ray Charles ! Il sort cet album en 1970 chez RCA Victor et c’est un bon album grâce à sa voix soyeuse et un peu traînante (dans sa façon de découper les mots par exemple), très agréable, des musiciens de qualité et de bonnes chansons. L'écriture de Percy était précise, sa voix en pleine forme, et il était entouré de groupes de studio de très haut niveau, dont Eric Gale, Billy Butler, Chuck Rainey, Pretty Purdie, Seldon Powell, Snooky Young et Richard Tee pour n'en citer que quelques-uns, ainsi que de sections de cuivres brillants mais jamais envahissants et de choristes féminines. La musique est remplie de ballades blues, de shuffles funky et d'une touche de soul, avec un côté décontracté, tranquille qui fait passer un bon moment. Bon, le son a un peu vieilli et on reconnait immédiatement un enregistrement de la fin des années 60-début des années 70, mais ça donne aussi un côté vintage bien plaisant. On sent avec Percy que sa longue expérience lui permet de maîtriser son sujet, évoquant les relations hommes-femmes, le passé et la condition humaine en général. Cet album comprend l’excellent « Live Today Like The Day Before » et « To Live the Past » dans lesquelles il regarde en arrière. Dans la première chanson, il chante :
« Eh bien, mon passé est comme un tourbillon, un jour d'été.
Il tourbillonne à l'intérieur, et je me laisse emporter.
Alors quand je me souviens, ce n'est pas de ma faute.
C'est juste mon passé qui ne me lâche pas, mais je suis sûr qu'il le fera avec le temps. »
Dans « A lying Woman » il est sans illusion sur les relations amoureuses :
«Tu n'es pas une femme digne de confiance, parce que tu mens tout le temps (2x)
Toi et moi n'aurons jamais de succès, tant que tu continueras à mentir
Je me souviens quand je t'ai rencontré, tu as dit que tu t'appelais Mary Jane (2x)
Mais quand je t'ai vue dans la file d'attente, la chaleur t'appelait par un autre nom »
Un album qui n’est pas un indispensable mais qu’on prend du plaisir à écouter et c’est déjà beaucoup. Une manière aussi de se souvenir de Percy, chanteur-compositeur, aujourd’hui un peu injustement oublié.