Ce qui marque le plus dès les premières notes de Person to Person, l’album de Foreign Born, c’est bel et bien la voix mi nasillarde mi lumineuse de Matt Popieluch, un timbre à rapprocher de Merz. De là, à faire un lien - un peu audacieux – entre la groupe Californien et l’artiste solo anglais, il n’y a qu’un pas… que nous franchissons allègrement. Les différences sont notoires certes, notamment dans l’instrumentation parfois marquée par le sampling et l’électronique chez Merz - à la différence de FB où tout est joué. Mais l’esprit foisonnant de liberté de ton est pour le moins similaire. Car si la base des chansons de Foreign Born est pour le moins rock, les idées d’arrangements, eux, n’ont plus rien à voir avec une vision guitare-batterie étriquée. Blood Oranges donne d’entrée le ton : des percussions – omniprésentes sur l’album - qui renverront autant aux envies d’exotisme de Talking Heads que de la pop débridée d’Arcade Fire (vacationing people). Les membres de Foreign Born pourraient arborer des chemises à fleur qu’ils continueraient à avoir la classe.


Et vous voilà embarqués dans une valse un peu nostalgique avec Early warnings, dans une new wave chaleureuse (hot wave ?) sur Can’t keep time. Le quatuor aime inviter sur ses titres des instruments à vent et à cordes pour donner un peu plus de force et de conviction à ses mélodies. Mais là encore, chaque cuivre ou caque violon semble avoir été l’objet d’un questionnement poussé sur la place millimétrée qui le verra intervenir dans le morceau. Il y a une énergie presque primitive qui sous-tend chaque titre (Winter games en est l’exemple le plus parlant) et une spontanéité qui contraste largement avec le travail qui a été sans doute nécessaire pour en arriver là. Il y a une sophistication pop, avec cet air de ne pas y toucher, autant aussi forte que chez Midlake (It grew on you, see us home). Comme une mécanique bien huilée dont on oublierait la technique pour seulement jouir du voyage.

denizor
7
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le 8 sept. 2015

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