La crise, le réchauffement climatique, le temps qui passe inexorablement…Tous les maux actuels ou éternels ne semblent avoir aucune prise sur Frànçois Marry. Cet originaire de Saintes (cela ne s’invente pas sachant qu’il fait une « sainte musique ») un temps exilé en terre britannique, fait une musique pour le moins personnelle, jouant aussi bien du piano, de la guitare que de la trompette. L’orthographe de son prénom se permet une petite coquetterie là où son un univers créatif, faisant pourtant feu de tout bois, garde la contenance et la réserve des grands sensibles. Marry fait de la musique mais pas que : l’homme est du genre pluridisciplinaire peignant des aquarelles et ayant même réalisé un court-métrage d’animation. La musique n’est pas toute sa vie et fait partie d’un grand tout que l’on pourrait appeler une vie d’artiste. Et cela se ressent à l’écoute de cet album apaisé et détaché du quotidien, album _ son deuxième _ qu’il a réalisé avec une troupe d’amis The Atlas Mountains. L’ambiance est calme mais riche de sons, de paysages graciles dessinés avec douceur ou vigueur (le noble Year if rain). L’album débute sur Friends, beau titre aux arrangements classieux qui renvoie à un Anthony and The Johnson débarrassé du surplus d’affect dont est friand l’’Américain.


Le travail de Frànçois and The Atlas Mountains est épuré mais jamais aride : les arrangements, faisant la part belle aux instruments acoustiques, résonnent encore pendant longtemps même après que le morceau soit terminé. Un univers de bois et de métal avec des cordes (sensibles) qui vibrent et de cuivres qui jouent l’hallali dans un crépuscule mélancolique (Moitiée) de voix chuchotées derrière des guitares qui font des frises (Remind un titre scintillant qui donne envie de faire « rewind ». Ce monde a le clair obscur de Françoiz Breut (un rapprochement indéniable sur otages). Dieu que c’est beau dans ces moments là. Sur Be water et Do you do, Frànçois Marry et sa choriste chantent comme on fait des incantations hippies : l’eau va tomber c'est sûr et rendre la Plaine inondable. Un album fragile mais qui fait de cette fragilité une vraie déferlante.

denizor
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le 3 sept. 2015

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