Poisoned Minds: The Paris Concert (Live) par xeres

Tim Berne's Bloodcount – Poisoned Minds: The Paris Concert 2 – (1995)


Je vous ai déjà parlé de Tim Berne avec l’album « Diminutive Mysteries (Mostly Hemphill) ». Celui-ci appartient au sous-ensemble « Tim Berne's Bloodcount », une formation qu’il anime de temps à autres. Voici la première apparition de « Bloodcount » avec la série « Poisoned Minds – The Paris Concert » qui contient trois volumes, parus sur le label JMT, celui-ci est le second, je ne connais pas les deux autres.


Voici les musiciens, Tim Berne joue des saxs alto et baryton, Chris Speed du sax ténor et de la clarinette, Marc Ducret de la guitare, Michael Formanek de la contrebasse, et Jim Black de la batterie. Il n’y a que deux compos sur le Cd, « The Other » de vingt-sept minutes trente et « What Are The Odds? Speed · J.B.'s Stove · A Slight Discrepancy In The Figures » de quarante et une minute trente. Soit environ soixante-neuf minutes au total.


Tim Berne sera habituellement classé sous l’étiquette « post free », s’il fallait en trouver une, Ce n’est pas une musique habituellement agressive ou criarde, avec des excès sonores ou autres, qui firent les belles heures du free.


Non, elle se situe davantage dans une musique contemporaine, mais sans l’ennui que celle-ci engendre parfois. D’ailleurs elle n’est pas exempte de tensions, elle les génère même, se présentant à l’auditeur comme un long filet complexe et enchevêtré qui se déroule lentement, comme un long ruban.


Il peut être agréable de l’absorber en un bloc homogène, sans trop chercher à analyser, bien que ça ne nuise pas, il n’est même pas nécessaire de s’y concentrer avec intensité, comme le demande souvent les musiques complexes, mais ici pas de risque d’indigestion, la mixture est aisément assimilable si on ménage les efforts, elle ne se digère que mieux.


Ainsi passe le merveilleux « The Other » qui semble décidément trop court, propice à envoyer l’auditeur dans un épais nuage cotonneux et plein de coolitude, confortable, destiné aux adeptes du cocooning. La seconde pièce est un poil plus déménageuse, sans excès toutefois, sa durée en elle-même est déjà un exploit, mais il n’y a pas à avoir peur, rien de désagréable n’est prévu au menu. Le final est somptueux.


Pas de radicalisme ici, le seul qui soit concédé est au niveau de la durée. Pour le reste comme sur la piste un, beaucoup d’improvisations, de lyrisme au niveau des anches qui se complètent en parfaite harmonie, des thèmes sont prévus et envoyés avec beaucoup de maestria, la guitare de Marc Ducret est évidemment innovante et également surprenante, c’est le lot de ce phénomène, qui jamais ne tombe dans la facilité, ne jouant quasiment pas la note attendue ou espérée et vous déjouant sans cesse.


Les moments calmes, ou s’exprime un musicien en solitaire, ou un duo, sont organisés, ce qui ne prête pas la pièce au même sort que la première, il faut davantage s’accrocher et se concentrer, lors de quelques moments plus exigeants. Il y a même un solo de basse de l’excellent Formanek. Mais cette phase n’est que transitoire et bientôt tout s’accélère.


Il y a même, peu après, un exposé assez explosif du thème, comme une cacophonie qui s’organise, ou se désorganise, comme on veut. La montée en puissance et en volume, qui suit, est tout à fait exceptionnelle, réjouissante et même jouissive, n’excluons rien…

xeres
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le 20 mai 2025

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