"We think we own the stars / And yet in fact we barely own our cars"

... Et avec ce treizième album, confirmant la trajectoire qualitative descendante entamée avec "In Outer Space" depuis les nouveaux sommets atteints avec "Whomp that Sucker" et surtout "Angst in my Pants", les Frères Mael entamèrent leur seconde traversée du désert. Conjuguant une panne d'inspiration mélodique, des paroles sans grande fantaisie (presque sérieuses pour le coup, une véritable hérésie !) et une orchestration synth-pop complètement "passe-partout", "Pulling Rabbits Out of a Hat" n'est pas un désastre absolu, comme l'avait été "Big Beat" par exemple, mais il reste juste passable.


On est d'abord bien en peine de trouver des chansons mémorables ici, qui puissent s'inscrire en bonne place dans la brillante saga de Sparks : "Pulling Rabbits Out of a Hat" pourrait sortir de la grande période Island, si le potentiel tubesque de la chanson n'était laminé par son absence d'énergie, et le manque de conviction total du chant de Russell Mael (il a l'air tellement à côté de la plaque sur tout l'album qu'on est obligé d'admirer la pertinence de la pochette qui le représente en marionnette agitée par son frère...!) ; "With All My Might" est une jolie composition presque classique, clouée au sol par l'artificialité des synthés ; "Pretending to Be Drunk", aux accents pre-rock'n'roll très années 40-50 aurait dû être beaucoup plus entraînante, hystérique presque, pour faire sens ; "A Song that Sings Itself" a également le potentiel d'être une belle chanson, mais ne décolle jamais comme elle l'aurait fait sur les grands albums des frères. Le reste des morceaux n'est pas désagréable, mais ne présente aucun réel intérêt, et surtout pourrait avoir été composé et interprété par une multitude groupes anonymes de l'époque... Comme si les Frères Mael avaient bradé toute leur singularité, voulaient rentrer dans le moule d'une pop commerciale pour enfin connaître le succès dans leur pays d'origine. Totalement en vain, bien sûr. Les passionnés de son remarqueront par contre un net progrès au niveau technologique et donc texture sonore par rapport à l'album précédent, qui rend certains passages intéressants.


Aucunement honteux, "Pulling Rabbits Out of a Hat" est seulement complètement anodin.


[Critique écrite en 2021]

EricDebarnot
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Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Quand la pop fait des étincelles... Revisite de la discographie de Sparks

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le 13 juin 2021

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Eric BBYoda

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