Quel effet ?
Quel effet ?

Album de Samir Barris (2006)

critique écrite en 2006


C’est un fait. En France, question chanson, si on exagère (et que l’on oublie Olivier Libaux, Florent Marchet, Barbara Carlotti, Austine…), on est plutôt mal loti, coincée qu’on est entre une variété épouvantable et une nouvelle scène française qui ne met en avant qu’un style (avec Sansévérino, Bénabar et Delerm en chef de file d’une génération sentant le renfermé). Bref, pas beaucoup de musicalité dans tout ça, à moins que vous ne soyez inconditionnels purs et durs de swing manouche, de refrain franchouillard de bal populaire ou de collection de name droping sur simple piano d’accompagnement. On en oublierait presque le vent de fraîcheur apporté par Boogaerts il y a 10 ans et je ne parle même pas de Dominique A et de Miossec qui ont fait à leur début leur révolution…Depuis quelques temps, certains motifs de réjouissances auraient tendances à venir de Suisse (Jérémie Kisling) et de Belgique aujourd’hui avec Samir Barris. Le Belge a déjà quelques hauts faits d’arme pour avoir fait partie de Melon Gallia. Samir Barris chante avec un débit et un timbre qui évoqueront justement Boogaerts (Invitation). Comme le Français, il peut mettre quelques accords de jazz dans sa chanson (Quel effet). Comme le Katerine du début, il ajoute un esprit
un peu bossa dans Plaire, un morceau plutôt triste mais éclairé par de belles harmonies vocales. D’ailleurs, on parle ici de chanson car Barris s’exprime en français (bien d’ailleurs) et qu’il a choisi une guitare acoustique comme instrument principal. Pour le reste, certaines mélodies évoqueront d’avantage la pop américaine (Le fossé). Les mauvaises langues diront que peut-être cette filiation US apparaît évidente tout simplement car il y a bel et bien de la musicalité et de la mélodie dans ses chansons (contrairement aux ténors dits de la Nouvelle Chanson Française, il se rapproche plus de Bright Eyes que de Daniel Guichard). Le traitement est différent, plus acoustique, mais Barris est à rapprocher ici de Orwell ou de Hugo deux fans de mélodies west coast. Et puis Quel effet est un album léger et gai, ce qui change de dépressif notoire. Mais il n'est pas non plus la bande son pour aller s’encanailler à la Fête à Neu Neu. Pour mettre un peu de peps là où il faut, le Belge rehausse son moral et son énergie en mettant un peu de cornet ça et là – là où Kisling met de la trompette. Après, on peut se dire que l’on a déjà un peu entendu tout ça chez d’autres (je voudrais pas crever, sur un texte de Vian sonne très Miossec). Mais c’est ça la (bonne) chanson, familière aux oreilles mais réjouissantes pour le cœur. Une petite sensation de madeleine de Proust qui se renouvelle en y apportant chaque fois une touche personnelle.

denizor
7
Écrit par

Créée

le 14 août 2019

Critique lue 35 fois

denizor

Écrit par

Critique lue 35 fois

Du même critique

Oiseaux-Tempête
denizor
8

Critique de Oiseaux-Tempête par denizor

Le monde appartient aux ambitieux et Oiseaux-Tempête ne nous propose pas un simple voyage post-rock mais une véritable Odyssée dans une musique qui n’a pas encore livré tous ses secrets. Album après...

le 10 janv. 2014

13 j'aime

Pain Is Beauty
denizor
8

Critique de Pain Is Beauty par denizor

Il est amusant de voir la promo de Chelsea Wolfe ramer pour définir la musique de la demoiselle : « drone-metal-art-folk » tel est le genre-valise utilisé pour catégoriser la musique de l’Américaine...

le 28 oct. 2013

12 j'aime

After My Death
denizor
7

Psyché adolescente et autopsie d'une société

Samaria ou Poetry, le cinéma sud-coréen est hanté par les suicidées adolescentes. Nouvelle pierre à cet édifice mortifère, voici After my death, premier film de Kim Ui-Seok. Glaçant. Kyung-min, une...

le 19 nov. 2018

11 j'aime