Raise Vibration est déjà le onzième album de Lenny Kravitz… albums qui sortent à un rythme quasi-métronomique (presque tous les trois ans). Certaines mauvaises langues diront que cela n’est pas difficile tant il n’y a rien qui ressemble de plus à un disque de Lenny Kravitz, qu’un nouveau disque de Lenny Kravtiz… Sans être dénué de sens, il faut peut-être, avec ce nouvel opus, moduler ce postulat : Raise Vibration est en quelques sortes, le changement dans la continuité.
Pour une fois, de son propre aveu, le processus de création a été laborieux… après 30 ans de carrière, Lenny s’est retrouvé en panne d’inspiration qu’il a vécue de manière particulièrement angoissante... puis soudain tout s’est débloqué, la nuit, où il s'est mis à rêver de nouvelles mélodies qu’il s’empressait d’enregistrer au réveil. Comme d’habitude par contre, Lenny Kravitz a joué pour ainsi dire seul de tous les instruments nécessaires à ses nouvelles compositions et force est de constater que peu de musiciens peuvent se venter d’être un multi-instrumentiste aussi talentueux que lui.
Si le fond ne change pas, la forme, elle, évolue (un peu).
Concernant les textes, on reste en terrain bien balisé : celui de l’exacerbation des sentiments : sa façon d’étaler de ses atermoiements ou de rabâcher sur de la puissance de l’amour sont souvent d’une naïveté déconcertante… ses colères contre les injustices du monde prêtent également à sourire, lui qui en est plutôt épargné.
C’est probablement dans la structure musicale que l’on constate les principales évolutions : le rythme a ralenti (terminé les singles fulgurants bâtis sur un riff de guitare ravageur, les titres « rock » tels que « We can Get it Together » et les morceaux s’allongent (la majorité des morceaux dépassent les 5 minutes). La coloration musicale navigue entre certains titres rock mid-tempo et d’autres clairement soul / funk. Comme à chaque album, Lenny Kravitz exaspère autant qu’il émerveille : Le petit gloussement de Michael Jackson était-il nécessaire sur sur très groovy « Low » ? de même, on a toujours le droit à notre petit lot de ballades indigestes (« Here to Love » pour ne citer qu’elle)… comme à quelques compositions qui cèdent un peu trop à la facilité (l’insipide « 5 More Days ‘til Summer » single sorti… début septembre alors qu’il aurait pu rythmer les fêtes du spring break trip en Floride ou aux Caraïbes)
Le problème également avec Lenny, c’est que si on lui reproche d’abuser des recettes pop/rock qu’il maîtrise parfaitement, on a en même temps beaucoup de mal à adhérer lorsqu’il ose des sentiers battus (le terrible « Who Really Are The Monsters » espèce de boullie électro-funk inaudible…. C’est donc quand Lenny Kravitz fait du Lenny Kravitz qu’il est le plus aimé et critiqué.
Il serait injuste néanmoins de ne pas lui créditer la capacité de s’approprier les influences de ses héros notamment « It’s Enough », probablement le sommet de l’album et qui n’est pas sans rappeler le fantastique « Inner City Blues » de Marvin Gaye
Cette fois encore Lenny nous propose un album dont la qualité est inégale mais la sincérité réelle… Quelques chansons mériteront d’intégrer la playlist « best of » que l’on étoffe au fil de ses albums et qui nous offre à chaque écoute bien des moments de plaisir… Et puis, on sait tous que c’est en concert que le talent du chanteur et de son formidable groupe prend toute sa dimension. La mini tournée estivale très enthousiasmante a donne déjà l’eau à la bouche pour le vrai « Raise Vibration Tour » !