TRAVAIL BACLE…
… Je suis d’autant plus en colère contre Renaud que je l’ai pendant un temps considéré comme la réincarnation de Brassens, rien de moins. J’ai rigolé sur Mon HLM, je me suis enthousiasmé sur L’Hexagone et j’ai pleuré sur Les Charognards.
De ce Renaud-là il ne reste plus rien. C’est premier degré, politiquement correct, on chercherait en vain le germe d’une idée originale. Le sujet qui intéresse le plus Renaud, c’est Renaud lui-même. Le Grand Homme est de retour, il faut qu’il nous dise tout sur Lui, ses malheurs, ses déboires pathétiques, ses amours sirupeuses, le tout ponctué de l’un ou l’autre gros mot pour sans doute démontrer que hé, il est toujours un rebelle ! Les chansons ne dégagent aucune énergie, et c’est un des disques les plus cafardeux qu’il m’ait jamais été donné d’écouter : à côté de Renaud, Aznavour c’est Carlos.
Voici un exemple du genre de niaiserie qu’il faut subir :
(Dans « La vie est moche et c’est trop court »)
A vingt ans tu cherches l’amour
Si tu le trouves tant mieux pour toi
Tu voudrais qu’il dure toujours
Mais un jour ou l’autre il s’en va.
Sans déconner ! Waouw ! Je suis sur le cul ! Pour dire le fond de ma pensée, ce quatrain est même indigne de Frédéric François voire de n’importe quelle pré-ado qui inaugure son journal intime. Rends-toi service, M'sieur Séchan : arrête d’écrire, s’il-te-plaît. Ton album je lui mets deux étoiles : une pour le souvenir, la seconde pour la belle voix abîmée, et ensuite, c’est poubelle direct, car devoir supporter Renaud « embrasser un flic », non merci, très peu pour moi.
C’est le moment de se souvenir de ceci :
Y'a eu Antoine avant moi
y'a eu Dylan avant lui
après moi qui viendra ?
Après moi c'est pas fini.
On les a récupérés,
oui, mais moi on m'aura pas.
Je tirerai le premier
et j'viserai au bon endroit.
J'ai chanté dix fois, cent fois
j'ai hurlé pendant des mois,
j'ai crié sur tous les toits
ce que je pensais de toi,
société, société,
tu m'auras pas.
J'ai marché sur bien des routes,
j'ai connu bien des pat'lins,
partout on vit dans le doute,
partout on attend la fin.
J'ai vu occuper ma ville
par des cons en uniformes
qu'étaient pas vraiment virils,
mais qui s'prenaient pour des hommes.
J'ai chanté dix fois, cent fois
j'ai hurlé pendant des mois,
j'ai crié sur tous les toits
ce que je pensais de toi,
société, société,
tu m'auras pas.
J'ai vu pousser des barricades,
J'ai vu pleurer mes copains,
J'ai entendu les grenades
tonner au petit matin.
J'ai vu ce que tu faisais
du peuple qui vit pour toi,
j'ai connu l'absurdité
de ta morale et de tes lois.
J'ai chanté dix fois, cent fois
j'ai hurlé pendant des mois,
j'ai crié sur tous les toits
ce que je pensais de toi,
société, société,
tu m'auras pas.
Demain, prends garde à ta peau,
à ton fric, à ton boulot,
car la vérité vaincra,
la Commune refleurira
Mais en attendant, je chante,
et je te crache à la gueule
cette petite chanson méchante
que t'écoutes dans ton fauteuil.
J'ai chanté dix fois, cent fois
j'ai hurlé pendant des mois,
j'ai crié sur tous les toits
ce que je pensais de toi,
société, société,
tu m'auras pas.