Excuse la blague de mauvais goût qui sert de titre à cette critique, cher lecteur (si toutefois lecteur cette critique trouve), mais je ne pouvais m'empêcher de commencer à parler de l'album qui nous intéresse sans essayer de détendre l'atmosphère.
Car tendue elle est, l'atmosphère !
Elle nous bafferait la gueule si ça lui permettait de péter un coup, crois moi bien ...
La tension est sûrement ce qui résume le mieux mes impression sur Rock Bottom, monolithique oeuvre du non moins monolithique, bien que monté sur roulettes Robert Wyatt, qui livre là une de ses plus belles contributions à notre soeur la musique.
Après avoir perdu l'usage des ses jambes (embêtant pour un batteur, quand même), Il composa l'ensemble de l'album sur son lit d'hôpital, ce qui joua sûrement sur la direction mortuaire limite funèbre qui se dégage des harmonies déséquilibrées de notre bon Bob.
Cet équilibre, cette tension, voila tout ce qui passe dans la vibration tremblante de chaque synthé, dans la structure déconstruite au possible des mélodies qu'il entreprend de porter de sa voix fluette, tout semble prêt à s'effondrer à chaque instant. Mais rien ne tombe jamais, sûrement parce que tout est déjà au sol.
Il est difficile de parle de Rock Bottom sans se lancer dans des élucubrations ridiculo-lyrique du style de celle que je viens de te faire voir, cher lecteur, mais c'est sans doute pour le mieux, car il te faudra donc aller l'explorer toi-même, te jeter dedans tête la première pour mieux la prendre en pleins dans la gueule.
Rock Bottom ne fait aucun cadeau, ni celui de l'harmonie facile, ni celui du repos, ni même celui du refrain. Il s'écoute d'une traite, 40 minutes ou presque qui paraissent trop longues et trop courtes à la fois.
Ni vieux, ni neuf. Juste existant, respirant, malgré les époques des uns, et les chutes de 4 étages des autres.