Les fins d'été sont souvent le moment d'un retour au calme salvateur pour mes nerfs fatigués.
C'est un plaisir sans cesse renouvelé de voir ses flots de bagnoles surchargées de souvenirs en plastoque, de coups de soleil cancérigènes et autres prémices de dépression post-sable fin, prendre le chemin du retour vers la grisaille Parisienne, Lyonnaise, Lilloise (Que sais-je !), laissant le beau temps à ceux qui le méritent vraiment.
Retrouver des plages désertes (ou presque); des rues vidées d'une population bruyante aux mains collantes des restes de glace à l'Italienne hors de prix, abrutie par un soleil trop pur pour leurs frêles épaules rouges et velues. Revenir au calme, au silence salé de ces immenses plages Languedociennes, à une douceur de vivre expurgée de toutes contraintes touristique.
La sérénité retrouvée après un été brulant pollué par ce mojito sans alcool, ce cocktail fadasse de bord de mer, ce Despacito maudit qui te sautait à la gueule comme un vulgaire "rabateur" de resto de plage.
Ce genre de soupe Latino Pop qui est à la Salsa, Rumba et autres Bossa-Nova ce que les Burritos Old El Paso sont à la cuisine traditionnelle Mexicaine.
Il me fallait oublier au plus vite cet envahissement saisonnier, cette mise à sac de mon sable doré tel un trésor Romain par des hordes de Wisigoths à bob "Ricard" armées de parasols multicolore et de glacières remplies de mauvaise charcuterie. Je devais me purger de ce "Despacito" dégueulasse et autres reprises de "Mademoiselle chante le Blues" par de quelconques groupes de bar aussi talentueux et créatifs qu'un album de reprise de Mike Brandt par Patrick Fiori.


C'est en parcourant les nouveautés musicales sur quelques sites divers que j'appris la seconde livraison - 6 ans après tout de même - des natifs du Kentucky: Les "psychédéliquement" brillants Morning Teleportation.
En 2011, le quatuor de Bowling Green lâche sur la petite planète de l'Indie Rock Américain: Expanding Away. Un premier album foisonnant aux sonorités psychédéliques, une sorte de diable de Tasmanie qui dévorerait tout sur son passage, styles et influences, recrachant une Pop sauvage, un Rock échevelé presque insaisissable.
Alors quand je vis le deuxième album de MT sur les plateformes musicales, mon sang estival blasé par les litrons de soupe "Calogérienne" et son infect "Je joue de la musique", ne fit qu'un tour.
Je me jetai sur le nouveau-né des Américains avec une gourmandise non-feinte et un très agréable souvenir de leur premier ouvrage.


Alors quid de ce Salivating For Symbiosis ?


En 2011, c'est avec l'aide d' Isaac Brock (Modest Mouse) à la prod' et grâce aux conseils avisés des membres du Flaming Lips, Cage The Elephant ou ceux de Primus - avec qui ils partagèrent la scène sur de nombreux festivals - qu'ils réussirent à boucler leur premier album.
Si Expanding Anyway ne bénéficiait que de peu d'aide extérieure, Salivating For Symbiosis outre un nouveau producteur (Jeremy Sherrer - Jesu, Sun Kil Moon- ) profite de l'apport de nombreux invités, des potes de tournées tel que Daniel Tichenor de Cage the Elephant , David Depper de Death Cab for Cutie ou Aaron Hanson de Mimicking Birds par exemple, qui viennent enrichir le Rock des quatre de Bowling River.
Un Rock toujours aussi Psyché, aussi libre, mais dont l'expérience, les conseils -sûrement - et la maturité musicale viennent calmer les envolées trop sauvages, les ardeurs "jammesques" trop incontrôlées.
C'est une Folk éthérée, un bijou calme et serein rempli d'arpèges purs comme de l'eau claire, qui vient ouvrir l'album ( Rise and Fall ). La première chanson comme fausse piste pour annoncer la furie débridée des trompettes sur la superbe The Code.
S'ensuit quelques expérimentations chères au groupe, où Synthé, Banjo et cuivres en tout genre se juxtaposent en d'immenses "jams" improbables ( La délicate Calm Is Intention Devouring It’s Fraility ou la tonitruante Rocks Gears Desert Truckin' par exemple), crachant la foudre dans un vacarme assourdissant mais toujours maîtrisé.
Comme la fin de l'orage annonçant enfin le beau temps; la tempête passée, ce sont les sublimes Escalate et Riot in Time qui viennent panser les plaies, réparer les dégâts avec une Pop acidulée pleine de douceur et de Psychédélisme apaisé.
Les instruments toujours aussi nombreux semblent s'accorder enfin pour livrer une Pop-Rock adoucie, accessible, mais toujours moderne et inédite.
Le voyage prend fin avec Cell Divides qui reprend le thème de The Code en le ralentissant, en le disséquant, ne laissant à nu qu'une mélodie lavée de tout artifices, se suffisant à elle-même.
La reprise d'un thème de début de disque en fin d'album comme la boucle enfin bouclée, comme la modélisation réussie d'une oeuvre pure et inédite qui n’appellerai pas de suite, qui se suffirai à elle-même en quelque sorte. Un serpent psychédélique se mordant la queue, emprisonnant, conservant sa structure inviolable et inviolée.


Un deuxième album purgé des excès - peut-être trop pompier - du premier.
Les Américains de Morning Teleportation parviennent à mettre un cadre, à resserrer leur pagaille psychédélique et livre une oeuvre foisonnante et explosive, mais tenue de main de maître par quatre rednecks aussi talentueux que - hélas - discrets.


Il était vraiment temps que l'été se termine ...

Ze_Big_Nowhere
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste ♪♫...ZBN 2 . La bafouille Pop-Rock !...♫♪.............et Punk !..et Blues !..et Métal !..et Rap !..et Bossa !

Créée

le 23 août 2017

Critique lue 313 fois

23 j'aime

8 commentaires

Ze Big Nowhere

Écrit par

Critique lue 313 fois

23
8

Du même critique

Touche pas à mon poste
Ze_Big_Nowhere
4

Touche pas à mon despote !

J'ouvrais péniblement les yeux aux sons d'applaudissements frénétiques et mécaniques. J'étais assis au milieu d'un public bigarré, béat d'admiration devant ce qui se passait devant lui. Les...

le 3 mars 2016

241 j'aime

42

Les Anges de La Télé-Réalité
Ze_Big_Nowhere
1

Les Tanches de la téléréalité

12:30. Brenda se lève difficilement après une nuit arrosé avec ses amis dans une boîte à la mode de Miami. A ses côtés Jenifer, Steven et Brandon ronfle paisiblement sur les coussins multicolores...

le 28 mai 2015

227 j'aime

30

South Park
Ze_Big_Nowhere
10

American Way of F*ck

Colorado. État de l'Ouest des États-Unis. Capitale: Denver. Une superficie de 269 837 km2 pour plus de 5 millions d'habitants. Des vallées gigantesques d'un côté, les montagnes rocheuses de l'autre...

le 28 déc. 2015

199 j'aime

16