SATURATION II
7.6
SATURATION II

Album de BROCKHAMPTON (2017)

Entre les mastodontes DJ Khaled, Young Thug, Kendrick Lamar voire Tyler the creator, le collectif texan Brockhampton est plutôt passé inaperçu sur la scène musicale estivale. Chose particulièrement regrettable, de plus que la troupe — constituée d’une dizaine de rappeurs — n’a pas sorti qu’un, mais deux albums en l’espace de deux mois, se nommant « Saturation I » et « Saturation II ». Et pour assoir leur productivité, ils prévoient également un troisième opus à la fin de cette année, ce qui ne manque pas de galvaniser leur immense potentiel. Tout d’abord, les deux albums fonctionnent à la manière d’un diptyque inclassable. Ce qui est sure, c’est qu’ici, nous sommes en plein sur la route de l’expérimentation. Et on roule à fond.


Rap alternatif, parfois quasiment expérimental, le flow de Brockhampton raisonne grâce à sa remarquable indépendance. Vocoder, instru venant vraisemblablement de 2026, on s’étonne presque de tout cela soit écoutable. Pourtant, tout ici est dosé avec une remarquable élégance, ce qui laisse entendre un rythme entrainant et un dynamisme donnant lieu à quelques irrégularités. Certains tracks, tels que « Gummy » ou « Swamp » (« Saturation II ») sont de véritables régals auditifs. Si l’on met du temps à différencier chaque rappeur, il faut reconnaitre la modernité qui découle de chacun de leurs flow, arrivant à une cadence rarement entendue. Il suffit de monter le son pour se voir arquepincer par se mélange hypnotique de paroles ensauvagées, de sonorités sibyllines, mais surtout un sens du rythme tout bonnement incroyable. À l’écoute de « Saturation I & II », le temps semble s’arrêter. De plus, les albums fonctionnent avec n’importe quel contexte d’écoute. Le tout respire la noirceur, la violence, la sensualité, électrisant les tympans et enflammant les sens.


On reprochera aux albums un aspect assez consensuel, les rendant paradoxalement plus efficaces. Malgré cela, Brockhampton ne cesse de bluffer de part sa singularité, raisonnant lors de chaque morceau. Quand le talent rime avec maturité, distorsion du rythme, architecture sonore et mélodie de haut vol. C’est incontestable, « Saturation I & II » tutoient le présent pour toucher le futur.


À lire également sur mon blog.

Kiwi-
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Écoute en 2017 par un valeureux kiwi mangeur de gnou

Créée

le 3 sept. 2017

Critique lue 847 fois

28 j'aime

Critique lue 847 fois

28

D'autres avis sur SATURATION II

SATURATION II
rapchroniques
8

Sympathique

Brockhampton est un groupe (même un Boy Band selon les membres) qui représente totalement le XXIe siècle. D'abord des fans de Kanye, les membres se sont rencontrés sur un forum le célébrant et ont...

le 25 mars 2022

1 j'aime

Du même critique

Mademoiselle
Kiwi-
9

Édulcorée(s).

Déjà reconnu pour ses incursions dans le domaine du thriller machiavélique diaboliquement érotique, Park Chan-Wook s'aventure avec « Mademoiselle » dans un film de manipulation opulent se déroulant...

le 23 mai 2016

108 j'aime

8

Seul sur Mars
Kiwi-
8

Le Gai savoir.

La semaine où la NASA annonce officiellement avoir trouvé de l’eau sur Mars, Ridley Scott, jadis grand créateur d’atmosphère, sort son nouveau film sur un homme égaré sur la planète rouge après avoir...

le 21 oct. 2015

97 j'aime

4

The Neon Demon
Kiwi-
10

Cadavre exquis.

Devil's dance. Seconde escapade de Nicolas Winding Refn à Los Angeles, « The Neon Demon » s'ouvre sur un long travelling arrière dévoilant le cadavre d'une jeune poupée, dont le regard vide fixe...

le 24 mai 2016

96 j'aime

18