Roy Ayers – Stoned Soul Picnic – (1968)
Cet album pourra dérouter les admirateurs de Roy Ayers attachés au « soul-funk » pour lequel il est devenu célèbre à travers des albums comme « Coffy » de soixante-treize, ou « Everybody Loves The Sunshine » de soixante-seize, autant de marqueurs de ses succès les plus populaires.
Celui-ci est le troisième album du vibraphoniste en tant que leader et nous sommes en soixante-huit, une période où il est encore imprégné essentiellement de jazz, il faut dire que sa vie musicale est intense, et il baigne en grande compagnie, des musiciens illustres qui se trouvent également sur cet enregistrement.
Il joue plus particulièrement sur les albums d’Herbie Mann, il va enregistrer sur son LP, « Windows Opened » cette même année, « Memphis Underground » un peu plus tard, puis sur « Live At The Whisky A Go Go », ou encore « Concerto Grosso In D Blues » …
Mais c’est un autre flûtiste qui joue aux côtés de Roy sur cet album, Hubert Laws qui n’est pas mal non plus, il y a également Gary Bartz au sax alto, Charles Tolliver à la trompette ou au bugle, Herbie Hancock au piano, Ron carter ou Miroslav Vitous à la basse et Grady Tate à la batterie. Un casting de rêve !
Six pièces sont interprétées, la première, signée par Roy, « A Rose For Cindy », est la seule qu’il a écrite. « Stoned Soul Picnic » est de Laura Nyro, il reprend également « Wave » d’Antonio Carlos Jobim, avec un beau solo au piano d’Herbie Hancock.
« Lil’s paradise » est signé de Charles Tolliver, on se souvient que celui-ci est également le père du fameux label « Black Jazz » demeuré célèbre. La pièce est un peu cinématographique et pleine de points de suspension, parcourue par un très beau solo de Roy, puis un autre d’Herbie Hancock qui cède ensuite la place à Hubert Laws…
La dernière pièce « What The People Say » se développe sur tempo lent, écrite par Edwin Birdsong, un ami de Roy Ayers, elle donne la touche finale à un album globalement très sage et consensuel, sans trop d’éclats, mais parcourus de beaux solos tout du long. Il est également intéressant d'effectuer ce trajet, d’abord très « jazz », pour celui qui deviendra une icône de la musique soul-funk, un virage qu’il ne tardera pas à accomplir, assez peu de temps après cet album.