Quand ton popotin ankylosé sur son siège de bureau est pris d’épilepsie cadencée, prends ça pour un signe. Premièrement, tu dois arrêter de prendre trois goûters par après-midi. Deuxièmement, Tshegue est fait pour danser.
« On est plus dans tout ce qui porte une émotion, qui danse. La transe, la danse, ce serait peut-être ça la vraie base de notre travail. » Dakou (RFI)
Petit rappel. L’espace libre devant la machine à café n’est pas un dance-floor. Les tâches humides ne sont pas faites de sueur, mais de sirop de café.
Le duo Tshegue, c’est la rencontre de la chanteuse Faty Sy Savanet, ex membre du groupe de garage-rock Ja guar, et du percussionniste Nicolas « Dakou » Dacunha.
« J'ai beaucoup vécu à Cuba, et je dis souvent à Faty que sa voix est une percussion. Quand on compose, ça galère... Et puis ça sort d'un coup. C'est brutal. » Dakou (Inrocks)
Avec un EP et seulement deux concerts parisiens (We love green et Afropunk), le duo a réussi à secouer les médias culturels nationaux (donc parisiens). Difficile de résister à cette bouillonnante fusion de punk, de hip-hop, de rumba congolaise, d’électro et de musique cubaine ou congolaise. Un mélange qui plonge dans les influences sans frontières du duo.
« On a eu une enfance, une adolescence. On a grandi avec des sons qui nous ont suivis, ou pas. Personnellement, il y a Konono qui m’influence et qui s’inscrit dans la continuité de ce que l’on est. C’est un groupe traditionnel bantou du Congo et ça fait partie des rythmes traditionnels qui continuent de m’influencer avec des instruments de récup amplifiés. » Faty (RFI)
« J’ai grandi avec la musique latine. Je peux te citer un milliard de noms de grands salseros, de grands groupes latinos. On a aussi grandi avec The Clash, le hip hop. Je crois qu’on en est là dans la musique aujourd’hui : tout le monde a eu une période "keupon", une période hip hop, un truc peut-être plus latino pour moi, ou afro. » Dakou (RFI)
Faty Sy Savanet chante en anglais, en lingala, en bantou, en swangi et même en utilisant des mots qu'elle a inventés. Le nom du groupe, Tshegue, est en soi une déclaration d’intention : « C'est un surnom qu'on me donnait il y a longtemps. Ca représente une manière de penser, une façon de vivre, mais je ne l'interprète pas comme on peut le faire à Kinshasa. Je le vois plutôt comme une émotion. Les Tshegue, se sont souvent les gosses de la rue qui font du son, qui sont un peu rebelles... »
Et même si le mot est galvaudé, la musique de Tshegue est avant tout un métissage, joyeux de préférence. Artistiquement d’abord, de part leurs influences musicales. Et surtout, personnel. Faty a un père Guinéen, Peul plus exactement, et une mère Sénégalo-congolaise. Elle est née à Kinshasa et y a grandi jusqu'à ses neuf ans, avant de partir en France. Bakou a grandi dans la banlieue sud de Paris et a beaucoup vécu à Cuba.
« La musique, c'est comme la bouffe. En France, on a une diversité chan-mé, et tu ne peux pas ne pas en profiter. Tu as la liberté d'aller la chercher, de la comprendre sans la juger. » Faty (Inrock)
L’EP peut s’écouter en streaming.
Sources : France Inter, RFI, Les Inrocks.