Beethoven est le plus grand génie musical de tous les temps.

Voilà, mon quota de subjectivité pour l'année 2014 vient d'exploser. Maintenant, je vais essayer de redevenir... critique en tentant de vous prouver que tout ou presque était déjà là dès la Première Symphonie. Oeuvre de jeunesse donc (Ludwig a la vingtaine et a encore une bonne ouïe) et profondément marquée par les grands artistes de la période classique (Haydn, Mozart...), la première contient cependant déjà la fougue et la volonté de surprendre que l'artiste déploiera tout au long de son impressionnante carrière. Le premier mouvement roule comme un tonnerre joyeux, un hymne à la vie et à la création artistique, toutefois parfois subtilement contrasté par des accords mélancoliques inattendus. Je ne vous parle même pas de la superbe (mais courte) coda (conclusion du mouvement) où les cuivres délivrent un accent héroique qui me donne à chaque fois envie de courir dans la rue en hurlant. Les défauts ? Tout au plus peut-on reprocher à ce mouvement de répéter un peu trop son thème principal...

Le second mouvement est plus lent mais loin d'être emmerdant pour autant. La mélodie, ample et hiératique, garde suffisamment de douleur cachée pour rester finalement très humaine et touchante. Je retiens particulièrement un sublime dialogue entre deux instruments à vent vers le milieu du mouvement qui annonce sans détour la sensibilité extrême de l'artiste.

Le troisième mouvement renoue avec la joie de vivre et un rythme haletant. Les violons bondissent sans pourtant jamais rester dans cette espèce de niaiserie superficielle qui caractérise d'autres oeuvres de compositeurs de la période classique. Déjà un pied dans le romantisme du siècle suivant ? Difficile à dire...

Le finale a une couleur relativement proche du mouvement précédent mais il est impossible de se lasser de cette formidable mélodie qui explose dans une coda particulièrement développée.

Quelque peu raillée à l'époque de sa sortie pour ses audaces formelle (instruments à vent mis en valeur, brusques changement de ton), cette Première Symphonie est pourtant un véritable remède à la dépression, d'une modernité époustouflante.

Il n'en est pas de même pour la Deuxième, plus difficile à appréhender. Son premier mouvement est un petit chef-d'oeuvre qui reste relativement proche de la Première Symphonie: un leitmotiv un peu trop répété mais exaltant et doté d'une mélodie imparable. Les trois autres mouvements sont très différents. Musicalement riches mais peu soucieux de leur mélodie. Il faut dire que l'oeuvre a été composée au moment où Beethoven tentait de soigner, en vain, ses premiers problèmes de surdité. La certitude que tout allait finir par empirer déclencha d'ailleurs chez lui une dépression qui fut sans doute le moment le plus décisif de toute son existence, tant sur un point artistique qu'humain. On pourra d'ailleurs lire la lettre qu'il rédigea pour exprimer ses tourments, le célèbre Testament de Heiligenstadt: http://fr.wikisource.org/wiki/Testament_de_Heiligenstadt.

Vous l'avez compris, j'ai personnellement plus de mal avec ces trois autres mouvements, lourds, plus complexes et pourtant franchement ennuyeux. Difficile de comprendre où Beethoven voulait en venir... Une situation assez rare et qui n'enlève bien sûr rien à l'admiration sans borne que je porte à ce grand homme bourré de contradictions résolues dans ses futures explosions symphoniques...

Première Symphonie: 8/10

Deuxième Symphonie: 6/10
Amrit
8
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le 16 août 2014

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