Après la fin de la série, si intimiste et délicate, il nous fallait ça: un hurlement de pure folie. La symphonie s'est faite requiem, il est temps de dire adieu et de voir la pyramide d'Evangelion, née autant du talent de l'auteur que des recherches et des réflexions des fans, se briser et s'écrouler dans un fracas insupportable. The End est le film de toutes les désillusions: celle de l'Homme qui cherche à se faire Dieu et qui finit en bouillie orangée (avec des glaçons, s'il vous plaît), celle du créateur conspué qui balance à la gueule des fans, durant un bref instant, les lettres d'insultes qu'ils lui ont envoyées, celle du spectateur, surtout, qui, s'il avait réussi à élaborer la moindre théorie sur la signification de la série, se retrouve complètement entubé, largué, malmené, mis KO. Tout est foutu, tout est à recommencer, tout est redevenu totalement incompréhensible. Comme il se doit.
Un profond dégoût envahit nos coeurs. Mais il ne durera pas: c'est tellement beau. Tellement osé, nihiliste... tellement barré. Je doute revoir ça un jour à l'écran. On a approché, avec ce film, le degré ultime de la destruction. Et franchement, putain, c'est ce qu'il nous fallait. Un coup de pied au cul magistral, comme à ce couillon de Shinji. Fini de pleurnicher. Tout est à refaire. Pour nous comme pour cet anti-héros. Cette fois, on fera moins d'erreurs.
Et ainsi commença la reconstruction d'Evangelion...