The BQE (OST)
6.6
The BQE (OST)

Bande-originale de Sufjan Stevens (2009)

Ça veut dire : The Brooklyn-Queens Expressway. La dernière lubie du folkeux auto-stoppeur est donc de nous faire découvrir une portion d'autoroute urbaine en plein New York. Mais pas comme d'habitude, avec un orchestre symphonique et tout. Car The BQE, ce n'est pas simplement un disque pourri (merde, j'ai tué tout le suspense), c'est aussi un film documentaire, un comic et toute une panoplie de produits dérivés dont tout le monde se branle.

Souvent quand un artiste pop décide de produire une œuvre de facture plutôt classique, on ricane gentiment. Parce que dans la plupart des cas la mégalomanie et l'emphase consiste juste à mettre le terme « symphonie » sur le disque et de rejouer des classiques avec un orchestre à cordes ou de composer un thème qui pourrait parfaitement coller dans une mauvaise adaptation de comic, genre Spiderman 4 qui devrait faire appel à Muse. N'empêche que dans de rares cas, l'artiste qui décide d'évoluer vers des sphères plus classiques réussit le coup de maître. Rappelons nous le Piano Solo de Gonzales qui l'espace d'un disque avait réussi à nous rappeler son passage au conservatoire.

Ici la mégalomanie est bien présente, on a les sempiternelles Prelude, Introduction ou Postlude totalement dispensables. Et le père Stevens a poussé le vice jusqu'à séparer les morceaux en deux catégories : les plutôt ampoulés seront les Movements et les plutôt chiants seront les Interludes. Cela a un côté pratique pour faire le tri dans l'album. On sait d'ores et déjà que les meilleurs morceaux ne seront pas des interludes, ça serait gâché. Cette symphonie répond-elle aux espérances qu'on est en droit d'attendre, connaissant le talent de l'américain ?

Et ben c'est raté (de toute façon, j'avais déjà tué le suspense). Parce qu'en comparant les dernières pistes d'Illinois où le petit s'était déjà aventuré dans le domaine avec ces 13 morceaux, on se demande bien ce qui a prit Sufjan Stevens. C'est mièvre, c'est bucolique jusqu'à en gerber (trop de flûtes à la con) et surtout chaque transition est foirée. A la place d'un disque qui devrait s'écouter d'une traite on retrouve un enchainement de pop songs instrumentales où chaque piste sape le travail amorcé par la précédente en faisant redescendre la pression avec une intro poussive ou mignonnette. Il est impossible d'isoler ne serait-ce qu'un diptyque de chansons fonctionnant parfaitement ensemble. Et à cause de ce cheminement anarchique, même le grand final avec explosion de cuivre bien clinquante tombe à l'eau.

Une fois assimilé le fait que le disque ne fonctionne pas dans son intégralité, on peut néanmoins arrivé à sauver une poignée de morceaux : l'enchainement entre le premier interlude et le 3ème mouvement qui arriverait presque à me faire mentir sur la complémentarité des morceaux ; le 7ème mouvement, sûrement la meilleure composition de l'album ; le joli Critical Mass, placé à la fin, où le piano est enfin débarrassé de cet orchestre encombrant. Le reste oscille entre le chiant et le complètement affreux (le quatrième mouvement électro-ringard n'aurait jamais dû exister).

Il manque quelque chose. Les mauvaises langues diront qu'il manque simplement la voix de Sufjan Stevens et deux ou trois accords de banjos, mais ce serait faire insulte à un compositeur capable de réaliser de grandes choses sans ses gimmicks habituels. Il manque de la cohésion, de l'ambition, de l'application et sûrement oui c'est vrai d'un peu de chant, ne serait-ce que pour donner à certaines chansons la consistance nécessaire pour exister. Après, on peut aussi dire que c'est tiré hors de son contexte cinémaographique et qu'on ne peut juger de la qualité de l'œuvre complète sur sa seule bande son. Mais je ne crois pas qu'un chapelet de voitures filmé au ralenti sur une quatre voies et entrecoupé d'images de jeunes femmes qui font du cerceau arriveront à rendre le disque meilleur. Ou alors elles sont sacrément jolies.
MrShuffle
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le 20 déc. 2011

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