Avant de commencer, je dois vous dire que je suis un fan des Beatles de leurs premières notes aux dernières. Toutefois, il est important de savoir rester critique face à leur œuvre monumentale et exceptionnelle !
Un double album, c’est toujours compliqué à appréhender car on sait qu’on part pour au moins 1h30 de musique. Y rester concentré sur l’intégralité pour considérer l’ensemble n’est pas forcément chose aisée. Comment les groupes ou les artistes arrivent-ils à un double album ? Au mieux l’inspiration est débordante (voir Bitches Brew de Miles Davis ou Abattoir Blues/The Lyre of Orpheus de Nick Cave et sa bande) et l’auditeur s’en réjouit. Le projet initial est peut-être ambitieux, voir trop ambitieux comme chez Yes et Genesis . Ou bien est-ce dû à l’égo de chaque membre du groupe qu’il faut contenter avant qu’ils en viennent aux mains ?
Dans le cas de l’album The Beatles (que j’appellerai par la suite le White Album), c’est bien à la dernière catégorie qu’il appartient. Même si John, Paul, George et Ringo n’allaient pas finir ça en pugilat, il semblerait que les sessions d’enregistrements n’étaient pas des plus joyeuses et harmonieuses ! Pourtant, chaque membre du groupe était alors au sommet de sa créativité et toujours bien entouré. Est-ce qu’au final le White Album tient la route ? Composé en partie en Inde, enregistré à Londres, alors que le groupe commence à se dissoudre, où chaque membre participe plus en musicien de studio pour la composition de son prochain, le résultat ne tient malheureusement pas la route…
30 chansons, 1h30 de musique en tout. Ces chansons sont remarquablement bien enregistrées et malgré plus de 50 ans aux compteurs restent d'excellentes factures ! Après le psychédélisme, les Beatles sont de retour avec un ensemble plus rock et blues avec tout de même quelques ajouts d’orchestration de la part de leur producteur George Martin. Qu’est-ce qui ne marche alors pas dans cet album ? Eh bien je vous réponds ! L’inhomogénéité des compositions nuit grandement à son appréciation, ça passe d’une ambiance bluesy (Yes Blues), champêtre (Blackbird), hard rock (Helter Skelter), ska (Ob-La-Di-Ob-Lada), intimiste (Julia) voir country (Rocky Raccoon). Alors oui, cette diversité peut être un argument positif, mais les Beatles ont toujours proposé des albums cohérents musicalement, ce qui n’est pas le cas ici. Ce travers se retrouvera également pour l’enregistrement de l’album suivant Let It Be (mais paru après Abbey Road).
Lorsque j’écoute Honey Pie (et son versant sauvage), Savoy Truffle ou Good Night, je ne peux m’empêcher de me demander : « le monde avait-il besoin de ces chansons ? La réponse est non. Si le groupe ne s’était pas pris les pieds dans le tapis des querelles d’égo, leur choix aurait surement été plus sélectif et nous aurait permis d’éviter leur existence dans la discographie officielle du groupe ! Alors, oui, un bon tiers des moreaux tiennent la route et ne sont pas désagréables à écouter (Martha My Dear, Glass Onion, Cry Baby Cry ou Birthday dont la partie musicale est terrible mais les paroles sont assez insipides si on s’y penche, et on a la chance de ne pas forcément comprendre tout de l’anglais !). Et dans tout ça, il reste tout de même un tiers de morceaux qui sont des miracles, des perles et des morceaux inoubliables qui méritent tout de même de considérer et d’écouter cet album comme While My Guitar, Blackbird, Julia, Mother Nature’s Son. J’y inclus Ob-La-Di-Ob-La-Da, Oui !, car elle reste indéniablement en tête !
Bref l’ambition du White Abum s’écroule pour moi par la trop grande hétérogénéité de l’ensemble, une succession de morceaux quasi anarchiques qui nuit sur la durée pour apprécier les quatre faces. L’album m’évoque plus un collage de chansons qu'un tout cohérent. Il aurait tout à fait pu être plus concis et tenir en un seul vinyle si le groupe avait appréhendé cet album comme celui d’un groupe et non comme celui de 4 (très talentueuses) personnalités. Je vous en propose ma sélection en fin de critique pour le jeu. Pour autant, paradoxalement, même si ce n’est pas un bon album des Beatles (sachant qu'il n'en existe aucun mauvais), il mérite quand même son statut d’œuvre musicale culte et importante, mais il faut plus voir ce statut comme le témoignage Historique de l’état du plus grand groupe de tous les temps (oui carrément) en 1968 plus que un chef-d’œuvre.
Voici une tentative, pour le jeu, d'un White Album en mode "reduced" dans l'ordre d'écoute :
Face A
- Back In The U.S.S.R.
- Dear Prudence
- Ob-La-Di, Ob-La-Da
- While My Guitar Gently Weeps
- Happiness Is A Warm Gun
- I’m So Tired
- Julia
Face B
- Sexy Sadie
- Blackbird
- Helter Skelter (sans reprise)
- Mother Nature’s Son
- Revolution 1
- Long Long Long