Une tendance semble se dessiner depuis quelques années chez les britanniques de My Dying Bride : celle de bâtir en parallèle d'une discographie d'albums certes solide mais montrant quelques signes de faiblesse une petite discographie alternative faite de compilations ( le superbe Evinta) et d'EPs avec des nouvelles chansons qui ne sont pas intégrées à l'album suivant ( l'imposant The Barghest O'Whitby). Quelques mois après A Map Of All Our Failures, un album plutôt en demi-teinte, sort donc The Manuscript, un EP de 4 nouveaux titres.
L'artwork est plutôt joli, l'idée de cette lumière jaillissant d'un livre étant plutôt bonne, ainsi que l'atmosphère générée par les teintes brunes et jaunies, comme sur The Light At The End Of The World. Les quatre chansons proposées sont de bonne facture. L'éponyme "The Manuscript" propose une structure dialoguée : quatre couplets en alternance chant clair et murmures, puis un dernier couplet plus long avec alternance entre chant clair aigu et chant clair plus grave, le tout sur un tempo accéléré par rapport au début du morceau. Le riff est lancinant et mélodieux, typique du son actuel du groupe. Lors d'un pont, un piano discret se fait jour, la batterie se réveille pour un bref crescendo à la fin du dernier couplet, et l'étonnante conclusion acoustique, superbe, rappelle Opeth. Une chanson qui démontre le savoir faire du groupe et sa capacité à chercher progressivement de nouvelles textures sonores. L'idée du dialogue de voix, assumé entièrement et avec son élégance de rigueur par Aaron, traduit l'idée d'un locuteur lisant le contenu du fameux manuscrit.
La chanson suivante, dont le titre signifie "Notre dieu sur vous" en suédois, est d'inspiration viking et donc scandinave dans le thème. Des hommes, braves mais vains, s'attaquent à un dieu nordique et sont défaits. On retrouve une structure à 4 couplets en alternance, mais cette fois chant death puis chant clair. Les deux derniers couplets, après la bataille, sont une déploration épique des pertes engendrées. La basse se fait entendre sur la transition entre les deux parties, l'entame est quant à elle hargneuse, la voix étant soutenue par des blasts de batterie et des riffs acérés, tandis que la double pédale s'installe au milieu du premier couplet. Un excellent titre d'inspiration plus classique pour le groupe.
"A Pale Shroud of Longing" est moins réussie. La première partie est presque téléphonée, avec un riff transparent et quasi interchangeable avec la moitié de ce qu'on a pu entendre sur les deux derniers albums, le thème quant à lui est rebattu : la mort de la bien aimée. Restent toujours le talent du groupe et la beauté des mots. Longue intro où la guitare lead dialogue avec le violon, et un riffing intéressant après le premier couplet. La deuxième partie du morceau décolle enfin, après un joli couplet parlé. Du My Dying Bride en pilote automatique, pas mauvais ni désagréable, mais pas très inspiré.
La dernière chanson, "Only Tears to Replace Her With", est une belle surprise. Son titre long cache une durée inhabituellement courte, pour un morceau sobre et dépouillé, très parlé et extrêmement déprimant. Le titre contraste fort avec les autres et on y sent une volonté d'expérimenter lorsque les guitares se font quelques peu dissonantes sur la fin. Une piste à creuser pour le groupe.
My Dying Bride nous sert donc un EP de bonne tenue, pas renversant mais loin d'être honteux, en attendant un nouvel album à se mettre sous la dent, en espérant qu'il soit moins inégal que les précédents et qu'il traduise un regain d'inspiration pour le groupe.
Krokodebil
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le 1 juin 2013

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