Shostakovich intime

Le pianiste russe Alexander Melnikov propose ici une lecture intéressante des 24 Préludes et Fugues de Shostakovich. Moins percussives (et virtuoses) que Muza Rubackyté, moins didactiques que Nikolayeva, moins engagées, aussi, peut-être, que le très équilibré Scherbakov (Naxos, 2000, avec une superbe prise de son), cette interprétation n'en retient pas moins l'attention de l'auditeur, de par sa pudeur et sa délicatesse.

Cette œuvre fleuve est un peu à Shosta ce que furent les sonates ou les quatuors à Beethoven : une sorte de jardin secret, dont la gestation s'est toutefois espacée sur un temps bien plus court (à peine quelques mois de 1950 à 1951). Un témoignage artistique sur les censures répétées que subit Shosta durant sa vie en URSS, et un pied de nez à la doxa soviétique, qui déconsidérait fortement Bach à cette époque.