Painkiller - The Prophecy – (2013)
Painkiller est l’aventure Grindcore de John Zorn, elle contient des avancées et des arrêts brutaux, puis des redémarrages et avance ainsi, en hoquetant. Les plus anciens se souviennent de Mick Harris le batteur-cogneur qui démarra l’aventure, puis la quitta, après avoir laissé une grosse empreinte.
La discographie offre quatre albums entre quatre-vingt-onze et quatre-vingt-quatorze, et déjà l’ambient pointe son nez et l’affaire semble se terminer. Puis se relève épisodiquement, deux mille deux « Talisman », deux mille -cinq et le cinquantième anniversaire de Zorn, puis une nouvelle mort, jusqu’à « Prophecy » qui sort en deux mille treize.
Pourtant c’est une ruse de Zorn le Renard, qui déterre des bandes anciennes de la tournée européenne, avec des dates live à « Warsaw » et « Berlin », entre deux mille quatre et deux mille cinq ! La véritable résurrection d’entre les morts se fera en vingt-vingt-quatre, avec « Samsara », un peu moyen cependant, et deux autres qui suivent, à peine sortis aujourd’hui…
Painkiller est donc un groupe en pleine actualité, mais avant d’affronter le présent, finissons-en avec le passé et « The Prophecy », qui se monte en scène avec John Zorn au sax alto, Bill Laswell à la basse et Yoshida Tatsuya à la batterie. Un prélude, un peu plus de deux minutes, un postlude, un peu moins de trois, et, entre les deux, soixante-cinq minutes arrachées aux deux concerts, montées et assemblées pour nous, voici « Prophecy » sur ce bel album…
On voit bien que le menu est tentant, Zorn est toujours le même quand il souffle dans son « biniou », il perce et transperce, creuse et, tel un marteau, piqueurise dans les gencives, avec science et efficacité… Z’aller aimer, coquins…
Bill Laswell à la basse balance des solis au vitriol, de quoi alimenter la combustion, et Yoshida Tatsuya qui tape, avec précision et efficacité, ainsi, quand les trois partent en vrille, ça tourbillonne sec dans les tympans.
Pourtant on ne peut parler d’overdose, car il y a des plages pour se poser, et reprendre le souffle, calmer les battements du cœur, se détendre presque, avant qu’une autre bourrasque n’arrive, et vous emporte la tête, et le reste avec, qui se désassemble ! Mais, en fait, n’ayez crainte, ce n’est pas dangereux, et la dislocation n’est que partielle et peu durable dans le temps, mais vérifiez tout de même car on ne sait jamais…
Pourrait-on qualifier cet album de « mariage réussi » entre le métal et le jazz ? Peut-être, ce qu’il semble c’est que le public métal ait pu apprécier et se déplacer pour assister à la mue, et convenir qu’il y avait de bonnes ondes qui passaient par ici…
Surtout chez les Teutons déjà biberonnés à Peter Brötzmann qui a bien ouvert la route avec « Die Like A Dog » ou « Last Exit ». Pour résumer et dire ce qu’il faut dire : un skeud que l’on aime sans réserve par ici…