En collaboration avec le pianiste Quentin Sirjacq, Chris Hooson, âme noire de Dakota Suite, rend hommage à sa femme, seul sentiment positif d'un album véritable éloge de lenteur et de la dépression. Magnifique mais ascétique.


C'est presque antinomique mais un des groupes américains les plus prolifiques du moment est aussi l'un des plus tristes avec des ambiances sombres et délétères à faire passer Low pour une bande de joyeux drilles. Mais peut-être Dakota Suite et son leader sont ainsi faits : un besoin inextensible de faire de la musique, de sortir des disques, de sublimer son mal-être, , peut-être juste pour arriver à vivre. On appelle ça un artiste...


En un an, Dakota Suite a donc sorti trois albums. Celui-ci est co-signé avec le pianiste Quentin Sirjacq qui amène une touche jazz accrue (proche de Keith Jarrett) dans l'univers noir et blanc des Anglais. Dans The Side of Her Inexhaustible Heart, Hooson rend hommage à sa femme, celle là même qui depuis des années est en charge des visuels du groupe. Cet hommage, le groupe le fait à sa manière, longuement (par un double album),"sombrement" (un néologisme en forme de pléonasme), dans une musique intériorisée obédience folk, flirtant parfois avec la musique d' contemporaine ou la musique de film (par exemple quelques BOs de Howard Shore). Dakota Suite rappelle toujours Labradford ou Spain et cet album n'en fait pas exception.


The Side of Her Inexhaustible Heart est donc un album largement instrumental, lent et dépouillé, porté par un quatuor à cordes, des programmations diaphanes, le piano de Sirjacq et quelques guitares aux effets slowcore. Il faut être patient, ne pas rechercher de titre enlevé et immédiat, se laisser porter sur une musique qui débouche parfois sur des moments vraiment sublimes : là , Hooson donne de la voix, les mélodies se cristallisent fondamentalement belles et désespérés. Tout le disque prend son vrai sens dans un ascétisme qui touche du doigt une sensibilité extrême. Pas facile donc, sans doute trop long mais pour le téméraire, le voyage reste magnifique.

denizor
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le 24 nov. 2012

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