Polygods

Meshuggah cisaille nos neurones avec ses polyrythmies et ses ambiances labyrinthiques depuis plus de 25 ans, tout cela avec une constance dans la qualité de ses albums qui ferait perdre la tête à 95% des groupes. Certains étaient peut-être moins inspirés ( faut le dire vite quand on parle d'un album de Meshuggah ) ou plus facile d'accès ( ça aussi faut le dire vite ) mais la qualité a toujours été au rendez-vous pour peu qu'on soit sensible à la musique mathématique de nos suédois.

5 ans depuis le dernier Koloss et son Demiurge qui résonne encore dans ma tête, voilà que Tomas Haake et sa bande sortent une nouvelle galette, je dirai même plus, THE GALETTE. Oui pour moi ce Violent sleep of reason est ce que Meshuggah aura fait de mieux, dans sa discographie, mais aussi et surtout dans le metal, je m'explique calmez-vous !

Tomas Haake avait pour habitude de composer la majeur partie des albums, du moins les rythmiques improbables sur lesquelles Hagström venait coucher ses riffs, mais cette fois et c'est la que c'est assez dingue, c'est le bassiste Dick Lovgren, d'habitude cantonner au rôle de soutien ( faut le dire vite ça aussi ) qui compose la plupart des titres de l'album. Cela s'entend tant le groove de son style n'a jamais semblé aussi présent. Comme quoi le bougre en a dans les doigts, du talent, et prouve avec ce disque sa qualité de composition et le rend au même niveau que les autres voir peut-être même plus tant les compos n'ont jamais été aussi compliquées et tordus.

Ce disque renvoi tout ses followers à l'école, ici Meshuggah ne revient jamais en arrière, pas de couplet refrain, couplet refrain, final, de structures classiques dans ses morceaux, non Meshuggah avance, tel un train à grande vitesse et propose un voyage dont lui seul à le secret et la maîtrise. certaines chansons doivent avoir une 15aines de structures différentes ( By the ton pour ne citer qu'elle ), bon courage à ceux qui voudront s'essayer à jouer leur morceaux.

Je n'avais jamais entendu autant de complexités dans un album, d'autant plus que l'album a été enregistré live, ce qui lui donne en plus ce son énorme qu'ils ont en live justement.
Certains groupes jouent vite, très vite, beaucoup de très grands groupes sont complexes, mais sont-ils aussi compliqués dans leur structures? aussi martyrisant pour le cerveau dans leurs contre temps? Meshuggah c'est du jazz, effréné, sans concession, intense, intelligent et profond, depuis toujours, en tout cas depuis Chaosphere. Que vont ils pouvoir nous pondre la prochaine fois?

Cet album n'aura jamais la reconnaissance qu'il mérite, parce que Meshuggah nous a habitué à être hors du commun, a être le seul à faire ce qu'il fait, qu'on ne peut le placer dans aucune case sinon celle qu'ils ce sont crée eux-même et par conséquent on oubli parfois de prendre la mesure réelle de leur musique, on se souvient des polyrythmies inoubliables de Nothing, de la fureur de chaosphere ou de la complexité incroyables d'un morceau comme Bleed, mais on s'habitue à force. The violent sleep of reason est une masterpiece, au même titre que la plupart de leur albums, mais il a ce quelque chose en plus, cette folie et ce génie divin qui a mes yeux en fait l'album ultime de Metal.
La plupart des groupes te donne le meilleur de leur talent à leurs débuts pour avoir tendance à s’essouffler au fur et à mesure de leur carrière, Meshuggah non, Meshuggah t'abreuve durant 25 ans de son génie et se transforme en quelque chose d'encore plus grand, devient une entité mythique, un monstre hybride aussi humain qu’inhumain, ce que certains appelleraient des dieux.