Trash
7.1
Trash

Album de Alice Cooper (1989)

Pull my trigger, I get bigger !

Fort de son récent retour en grâce auprès du public, Alice Cooper est résolu : il va transformer l'essai et redevenir l'icône qu'il a été. La tournée qui a suivi les albums "Constrictor" et "Raise Your Fist and Yell" justement nommée "The Nightmare Returns" a été un succès total ce qui le motive d'autant plus à assurer le coup. Le chanteur s'adjoint les services du producteur Desmond Child, responsable de plusieurs succès de Kiss, Aerosmith ou Bon Jovi mais aussi d'invités prestigieux comme Bon Jovi et ses amis justement, les membres d'Aerosmith dont Steven Tyler, ainsi que le guitariste de Toto et d'autres venu filer un coup de main.
On sent une volonté de bien faire, on sent aussi que la Sale Sorcière surfe allègrement sur cette vague de hard-rock plus ou moins FM en pleine explosion à cette époque. On voit que le chanteur ne lésine ni sur la laque ni sur le cuir moulant tandis que son maquillage se fait plus discret, histoire de jouer un peu les beaux gosses comme ses amis des charts de l'époque. Bon, beau gosse et Alice Cooper ça fait drôle, mais c'est un peu le but recherché si on se fie au clip de "Poison" ou "Bed of Nails" par exemple.


Cette fois ci, terminées aussi les productions un peu cheap. Sur "Trash" le son est nettement plus riche et travaillé, à vrai dire rien n'est laissé au hasard dans cet album taillé pour le succès.
"Poison" débute par un riff entêtant, dans l'esprit d'un "Sweet Chile O' Mine" plus tourné vers le métal. Tout y est, les guitares énervées, la batterie puissante et mécanique, la voix reptilienne entre cajôlerie et menace, si vous ajoutez à cela un clip qui tournera en boucle avec présence de cuir, de laques et de fille en string, vous obtiendrez la recette du parfait hit metal-FM de cette fin des années 80. En plus, c'est cadeau, les paroles peuvent se lire à différents niveaux, est-ce qu'on parle de relation toxique ou de drogue ? Le titre se classera rapidement dans les plus hautes places des charts en Angleterre et aux USA, chose qu'on n'avait pas vue depuis longtemps chez Alice Cooper. Le morceau en soi est absolument contagieux, très marqué par son époque, mais indélébile !
"Spark in the Dark" ne laisse pas l'auditeur se reposer et démarre sur un nouveau riff très accrocheur. Comme pour le morceau précédent, tout est en place pour un succès radio. On remarque aussi un thème très voisin, à savoir celui de l'amour passionné, douloureux et incandescent. C'est tout à fait dans l'air du temps en 1989 et c'est bel et bien ce sentiment puissant et dévorant qui lie tous les titres de cet album. Les paroles retrouvent enfin un peu de ces doubles sens plus ou moins dissimulés qui ont longtemps peuplé les chansons du Coop, la forme semble revenir de ce côté là aussi ! Encore une fois, pas le temps de souffler puisque arrive "House of Fire" à renfort de cris et de guitares musclées sympathiquement offerts par Joan Jett qui passait par là. On y retrouve l'évocation des relations difficiles entre un homme et une femme aux personnalités explosives. Puissant, clean et motivé, le morceau est lui aussi de ceux qui vous restent dans la tête un bon moment, pour le meilleur et pour le pire.
On reste dans le ton avec un "Why Trust You" encore plus énervé. On ne sait pas à qui s'adresse le chanteur avec une morgue renouvelée mais les griefs qu'il expose ne manquent pas d'une certaine imagination. L'energie est communicative, encore une fois c'est calculé pour marcher et il faut reconnaître qu'on se laisse volontiers conduire.


Tout album du genre doit avoir sa pause romantique. Ca tombe bien, une bonne partie d'Aerosmith est venue prêter main forte au Coop sur la power-ballad "Only my Heart Talkin'". Steven Tyler accompagne de son timbre caractéristique un Alice Cooper forcé d'aller taper dans des hauteurs qu'il n'avait jamais vraiment effleurées. Sinon, encore une fois, la recette est livrée avec application : batterie faussement retenue, guitares en forme d'écrin et même quelques cordes bien placées pour une déclaration d'amour hard-rock en bonne et due forme. On imagine les deux chanteurs aux cheveux noirs figés par la laque en une crinière indémontable, assis sur des tabourets hauts au milieu de multiples chandelles tandis que la caméra (avec un filtre bleuté bien-sûr) développe un travelling en arc de cercle autour d'eux avant de monter à l'aide d'une grue durant le fondu final.
Le riff de "Poison" revient nous hanter durant l'intro du second single "Bed of Nails" qui retrouve un peu d'agressivité dans les paroles après cette séquence émotion. On y parle bien-sûr des relations amoureuses ou du moins charnelles, avec la subtilité d'un marteau-piqueur. C'est pas moi qui invente : "Our love is a bed of nails [...] I'll drive you like a hammer on a bed of nails". Ca marche bien notez, toujours dans le ton de l'album, assez musclé pour plaire aux hardos mais assez accrocheur pour séduire les radios.
"This Maniac's in Love With You" malgré ses paroles amusantes ne m'a jamais convaincu. Très répétitive, très proche aussi de certains morceaux des deux albums précédents, elle se montre vite plutôt pénible même si elle ne manque pas d'énergie.
Le morceau titre par contre se montre nettement plus inventif. "Trash" bénéficie d'un nouveau riff assez bien trouvé. Avec bonheur, on retrouve les allusions salaces "you're daddy's dream, you're a peach in cream...but when you hit the sheets you just turn to trash". Cette fois ci c'est Bon Jovi qui vient donner de la voix aux côtés d'Alice Cooper, sur un thème qui va comme un gant (en cuir bien-sûr) à ce chanteur à minettes comme on disait dans notre bon vieux temps.


Tout album du genre doit avoir sa pause romantique. Ca tombe bien, une bonne partie de Bon Jovi est venue prêter main forte au Coop sur la power-ballad "Hell is Living Without You". Euh...Attendez... Bon, oui, on nous a déjà fait le coup tout à l'heure. Le pire c'est que ça marche à nouveau. Vous pouvez rallumer les bougies et redisposer le filtre bleu car c'est reparti pour un tour. Le solo final est très réussi dois-je dire au passage pour ne pas passer pour un être imperméable au concept ! Non, vraiment, la chanson fonctionne très bien, et ceci même si j'ai vraiment du mal avec ce groupe, Bon Jovi, bon, j'y vais !


"I'm Your Gun" reprend sur le thème du sexe et du rock'n'roll avec malice à défaut de subtilité. Inutile de citer tel ou tel extrait des paroles, le texte entier est saturé d'allusions sexuelles absolument pas déguisées à bases de gachettes entre autres. Le morceau est nettement plus rock et rapide que les précédents. C'est une conclusion un peu hâtive et étrange bien qu'elle résume assez correctement l'esprit de l'album. Sans être mémorable, le morceau fait rire, et c'est déjà pas mal.


Alors ce retour ? Ce come-back triomphant ?
Et bien c'est réussi.
Les ventes repartent, les fans sont aux anges et un tout nouveau public est gagné à la cause de la Sorcière. "Trash" devient un des plus grands succès d'Alice Cooper, commercialement et dans le coeur de nombreux fans. Beaucoup découvrent avec cet album l'univers décalé qui constitue le bagage de l'artiste qui a su tirer parti de la montée en popularité du hard-rock en cette fin des 80s. L'album est homogène, cohérent avec son thème de l'amour (sous diverses formes) qui plane sur tous les morceaux, sans être monotone comme les deux précédents essais. Pour ceux qui connaissent bien le reste de la discographie, "Trash" peut avoir cependant du mal à convaincre. C'est mon cas, la note n'aide pas à ménager le suspens. J'ai du mal à adhérer à ce parti pris artistique, ce hard FM, toute cette laque, ce n'est pas vraiment mon truc. "Trash" est habilement formaté pour fonctionner, ce en quoi il atteint brillamment son objectif. Alice Cooper remporte la mise en s'adaptant à ce style, néanmoins, c'est l'un des albums que j'écoute le moins souvent, pour les raisons que j'indique.
Malgré tout, je ne peux que me réjouir de ce succès qui a permis de relancer notre bonne vieille Sorcière pour un bon moment.


PS : Je fais toutes mes excuses à tous les fans de Bon Jovi pour le terrible jeu de mots que j'ai fait sur leur dos, je ne le referai plus, c'est promis. Pour la peine, je vais m'infliger en pénitence l'écoute de "Livin' on a Prayer" tout en m'aspegeant de laque Elnett, la laque des stars, la star des laques.

I Reverend

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