La frontière au-delà de laquelle...
Cet album est la limite de ce que je peux tolérer en pop-rock indépendant. Au-delà se trouvent des groupes comme Placebo, R.E.M., The Cure ou ... mince, comment ils s'appellent déjà ? , avec des chanteurs à la voix torturée et introspectives qui me font ch...
Ici, la basse a un son étouffée, il y a beaucoup de jeux sur les effets sonores en écho, la batterie est également assez trainante. Le tout a pour effet de créer une ambiance de déréliction et de désespoir au milieu de laquelle peut se développer au maximum de sa puissance dramatique la voix d'alcoolique dérangé du pourtant très jeune Ian Curtis. Une ambiance nocturne, torturée, à la Nick Cave (d'ailleurs la voix de Curtis fait souvent penser à celle de Cave, notamment sur "She's lost control", mais avec un grain de vraie folie en plus), mais en un peu moins varié. La guitare se fait parfois un peu acidulée, mais cela reste supportable. Et bien sûr on trouve quelques gros hits, comme "She's lost control", "Day of the lord". Un morceau comme "Shadowplay" renvoie à certains morceaux des Sisters of Mercy que j'aime particulièrement, comme "Lucretia my reflection", mais en plus expérimental. Il y a quelques morceaux plus péchus, qui flirte avec le punk, comme "Interzone". Le côté très léché de certains morceaux leur donne parfois un côté dandy nocturne (je pense à "Wilderness").
L'album a une vraie unité de ton, avec cette atmosphère lugubre, dépressive, oppressante, parcourue d'éclats de rébellion électrique. Sympa à écouter en album, mais je me demande franchement ce que ça devait donner en concert. C'est une musique peu dansante, plutôt convulsive, mais à l'hystérie contrôlée, à l'image du jeu de scène de Curtis.