Waters a quitté Pink Floyd en 1983, Gilmour y étant réduit à la portion congrue sur « The Final Cut ». Une longue bataille judiciaire s’était engagée entre lui et Gilmour pour l’utilisation du nom « Pink Floyd ». Ce dernier peut donc se lancer dans son 2e album en solo, enregistré à Paris, on imagine qu’il a pu apparaître comme une récréation au milieu de ce marasme où les coups volaient bas. Gilmour est un immense guitariste, ça ne se discute même pas mais ses albums solo m’ont rarement convaincu, je les ai souvent trouvés assez soporifiques (par exemple « On an Island » et « Rattle that lock », rien à faire, les écoutes multiples n’y changent rien). On peut lui reprocher ici une production très « eighties » signée Bob Ezrin, avec des sons synthétiques, mais pas plus que dans beaucoup d’albums de cette époque, une trop grande réverbération sur la voix (fréquente chez lui). Mais Gilmour nous évite de « faire du Pink Floyd » à lui seul et ça, c’est une grosse qualité, bien que sur des morceaux comme « Out of the blue », on y pense évidemment, impossible de nier qu’il est un architecte du « son Pink Floyd ».
Il s’entoure d’une pléiade de grands musiciens dont Jeff Porcaro à la batterie, Pino Palladino à la basse, Ian Kewley au piano et à l’orgue et en invités Steve Winwood, Jon Lord, Ray Cooper, Michael Kamen à la direction de l’orchestre…Bref, du beau monde. Gilmour est même capable de balancer un rock assez violent avec « All Lovers Are Deranged » dont les paroles sont signées par son pote Pete Townshend, comme «Love on the air ». On peut trouver dommage qu’un titre comme celui-ci ne soit plus interprété en concert depuis belle lurette (tournée 84 ???). Sur « Cruise » ce sont ses racines folk qu’il revisite, dérivant vers un reggae sur la fin. Sur « You Know I'm Right » c’est sans aucun doute une pique envers Waters. Gilmour nous dit ici : « Now we survey this silent battleground/ Recriminations all around/ And still no compromise is found ». Un album qui avait été injustement méprisé à sa sortie et que je trouve pourtant plutôt agréable et bien plus énergique que les suivants. « On an Island » ne sortira que 22 ans plus tard et lui, pour le coup, sera à mon sens surestimé.