Anomalia
7.6
Anomalia

Album de Khonsu (2012)

Musique à l’idéologie souvent très fermée, le Black Metal a des règles strictes et tout pourfendeur se verra indubitablement accueilli par un tollé des plus fervents extrémistes du genre. Genre pourtant le plus sujet aux expérimentations du fait de la fascination pour ses ambiances occultes et sa puissance malsaine. Désolation, aliénation, isolation de l’humanité, horreur cosmique (lovecraftienne) sont parmi les thèmes qui parcourent cet album, entre absurde et cosmicisme. Tout à fait normal pour un groupe de Black. Sauf que KHONSU n’a rien de normal. Anomalia, sa première production, c’est l’orchestration du voyage de la divinité lunaire égyptienne à travers la nuit, exclue de la vie, comme la Lune l’est de la Terre.

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Absent de la scène Metal depuis 2003, c’est Steffen Grønbech, le frère d’Obsidian Claw (KEEP OF KALESSIN), qui est à la tête de ce projet qu’il a entièrement pensé et instrumentalisé. Seule la voix aura été confiée à Thebon, bien connu pour être aussi le vocaliste du groupe du frérot. Psychologue de profession, Steffen s’est certainement inspiré de certaines de ses expériences avec ses patients les plus dérangés pour mettre en œuvre cette fresque sonore. Prenez les derniers ENSLAVED et baignez-les dans les paysages très visuels d’ARCTURUS ; vous aurez ainsi un avant-goût de la teneur musicale d’Anomalia. Et, pour restituer cette traversée stellaire, le multi-instrumentiste s’est affublé d’une production d’orfèvre, à la fois froide et esthétique, mêlant habilement tous les éléments entrant en course. Malgré ses étiquettes de Black et Progressif, l’album est tout de même assez accessible, davantage que les groupes précités, de par une volonté de privilégier les atmosphères à la technique, et également grâce aux nombreux claviers envoûtants qui en constituent la trame.

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Comme s’il n’était pas assez inquiétant comme cela, Thebon rajoute un chant diphonique (de gorge) au titre, en plus d’une voix Rock qui alterne clair et rocailleux. Car il ne se contente pas seulement de vocaux Black gutturaux éloquents, mais expose une diversité vocale concordant avec la variété des pistes en elles-mêmes. Ainsi, parfois il tire sur le Prog, avec ce petit côté poussif en clair et hurlé qui rappelle les premiers Townsend, ou même Joe Duplantier, avec cette puissance de fond imposante, ou bien il use de voix claires mélodieuses fascinantes, doublées, et loin d’être sirupeuses. Sans oublier, bien sûr, les éructations saisissantes sur envolées rythmiques. Son chant hurlé/growlé est puissant, mais demeure extrêmement intelligible ; la puissance du Black tout en conservant une réalisation atmosphérique propre et unique dans sa diversité. Et tous ces types de voix se voient dérivés, altérés, en plusieurs nuances au cours de l’évolution des pistes, tous alternés logiquement et habilement pour parfaire l’ambiance mystique démesurée.

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Une transition qui s’étale sur neuf minutes d’un Black Metal d’une violence rare, où la batterie se déchaîne en mode (gravity) blast beat, sur des riffs insidieux et une voix rocailleuse gutturale toute droit ressortie de KEEP OF KALESSIN. Plus que puissante, la composition coupe le souffle de sa véhémence soudaine, et ses climax d’une intensité incommensurable. Le charme d’Anomalia réside également dans la profusion de guitare sèche et d’acoustique qui se marient aux textures industrielles abondantes des riffs atmosphériques et claviers en de fabuleux paysages désolés. Parfois même, les guitares électriques cèdent leur place au reste de l’instrumentation.

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Le cosmicisme statue l’insignifiance de l’humanité, infinitésimale face à des entités cosmiques au-delà de sa compréhension. Quant à l’absurde, il établit l’impossibilité pour l’Homme de trouver un sens à son existence et à l’univers. KHONSU, lui, nous confronte à ces deux philosophies par le biais d’un album aussi indéfinissable que titanesque. Composé de sept titres éclectiques aux tournures surprenantes, où les instruments s’échangent les leitmotive avec une fluidité déconcertante, Anomalia donne carrément vie à cette horreur cosmique contemplative, nous emprisonnant dans son épopée aux confins des astres, sur les traces d’un dieu voyageur.

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AntoineRA
9
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le 28 nov. 2012

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