Bojan Z – As Is – (2023)
Côté recto c’est Bojan Z et, côté verso, il apparaît avec son véritable patronyme, Bojan Zulfikarpašić, c’est effectivement plus difficile à prononcer. Il y a bien longtemps que le franco-serbe occupe la scène. Autrefois, après qu’il eut fait sa place, il était à l'avant, sous l’éclairage, son talent et peut-être même a-t-il du génie, lui ont permis de devenir un élément incontournable des scènes parisiennes, très recherché et presque démocratisé…
Et puis ça tourne, les modes et les noms, et le voici un peu relégué au fin fond du monde du jazz, mais le talent est toujours là, véritablement éblouissant, il éclabousse même sur cet exercice en solo, absolument extraordinaire, éclatant, il entraîne dans sa course les puristes, les suiveurs de keith Jarrett, tout ceux qui prennent la peine de jeter une oreille…
Il est comme çà Bojan, c’est sa force, comme une évidence, la note qui va, tellement évidente une fois jouée, les rythmes simples, les accélérations au bon endroit et une force mélodique exceptionnelle, il embarque son auditoire, et ça paraît facile, la force de l’évidence…
Et pourtant il est absolument unique, il sait mieux que personne vous embarquer dans son monde, jouer avec vos émotions, vous prendre par la main et vous déposer là où il le souhaite, après vous avoir emmené à BojanLand, qu’il crée pour vous du bout de ses doigts.
Neuf titres dont quelques reprises, l’extraordinaire « The Peacocks » de Jimmy Rowles qu’il place très haut par la qualité de l’interprétation, « Some Place called Where » de Wayne Shorter, « The Greek » de Clare Fisher, « Ecaroh » d’Horace Silver, musicien dont il reprend souvent le répertoire, et enfin « Self Portrait In Three Colors » de Mingus.
Ses propres compos sont également magnifiques, ici c’est l’interprète que l’on entend, au-delà de la compo, il impose sa marque, son style et sa personnalité, c’est du « Bojan ». Par le passé il m’est arrivé assez souvent de l’écouter au travers des albums sur lesquels il a joué, en tant que leader ou encore en sideman, jamais il n’a déçu, fréquentant les plus grands, ceux qui stationnent en haut de l’affiche, il sait à peu près tout faire, « Tel Quel » comme le dit le titre, avec les impros et le premier jet, de quoi faire juste un album majuscule !