Yusef Lateef – Atlantis Lullaby - The Concert From Avignon – (2024)
Gloire à André Francis, le pape du jazz sur Radio France, qui a énormément fait pour la présence du jazz sur les ondes, particulièrement en retransmettant des concerts de musiciens phares, ainsi que d’autres également, bien qu’il sût aller parfois contre ses goûts personnels, particulièrement en matière de free jazz, histoire de ne pas passer à côté de courants importants, ce qui aurait pu avoir comme conséquence d’insulter l’avenir…
Yusef Lateef est typiquement le style de musicien qu’il aimait, ce goût est d’ailleurs partagé par de nombreux amateurs. C’est donc sous la houlette du producteur de Radio France que se fit cette captation, au Cloître des Célestins, à Avignon, le dix-neuf juillet mille neuf cent soixante-douze. Souvent, lors des retransmissions, seule une partie du concert était diffusé, ce qui n’empêchait pas d’enregistrer abondamment, comme ici par exemple.
En effet le Cd est double, quatre pièces sur le Cd un, et trois sur le second, plus d’une heure trente-deux d’enregistrement en écoute ici. Yussef Lateef joue des saxs ténor et soprano, ainsi que de la flûte, comme sur « A Flower ». Kenny Barron est le pianiste, compositeur de trois pièces également. Bob Cunningham tient la contrebasse et Albert « Tootie » Heath de la batterie, mais on l’entend également à la flûte indienne sur « Lowland Lullaby ».
Côté ténor, on remarque le titre « Yusef’s Mood » sur le Cd un, dix-sept minutes d’une trame blues et funky où chacun s’exprime à tour de rôle, comme l’exige les traditions de cette musique, ce qui nous permet de goûter longuement au piano « stride » de Kenny Baron. « Lowland Lullaby » met en évidence le duo de Cunningham et Heath, ce dernier étant l’auteur de la compo. Il se partage entre la basse et la flûte indienne, bien soutenu par le batteur.
A titre personnel je préfère encore le second album, il commence par une version de « Eboness » de Roy Brooks, extraite de l’album « The Diverse Yusef Lateef » paru en soixante-douze, que j’ai déjà évoqué sur ce fil. La pièce est superbe avec un Yusef qui se libère autour de ce blues évolutif.
Il y a ensuite une reprise du standard « I'm Getting Sentimental Over You », une ballade très tendre, juste avant le final, « The Untitled », signée Barron, d’une durée de vingt-cinq minutes et quarante-cinq secondes, de quoi finir en beauté. Ce concert est effectivement lumineux, et il est incroyable qu’il sommeillât ainsi, dans les archives de l’INA, attendant que le temps passe.
Il est à noter que Albert Heath décéda environ deux semaines avant la parution de cet album, ce qui est bien triste… Je possède la version Cd, mais les collectionneurs pourront se tourner vers la version vinyle qui est limitée à deux mille neuf cent-cinquante pressages.