"He played Scrabble on Facebook almost the entire time; I learned some Scrabble tricks. He would alternate between that and writing on his food blog. I don't even know if he remembers what our album sounds like."

Dylan Baldi, âgé d'une vingtaine d'année, n'a pas la langue dans sa poche quand il s'agit de s'attaquer au producteur d'Attack On Memory qui n'est autre que Steve Albini, responsable du son d'In Utero de Nirvana ou Surfer Rosa des Pixies (c'est pas un novice quoi). Pourtant, ce disque est indéniablement marqué par le travail de ce dernier car il est avant tout un formidable retour vers les années 90.

Les groupes qui rendent hommage à cette décennie pullulent ces derniers temps mais avouons le, la claque aura rarement était aussi forte qu'avec le dernier né de Cloud Nothings qui nous a totalement pris par surprise. Retour en 2010, à l'époque, on découvre ce jeunot tout juste sorti de l'adolescence qui nous sort une compilation de titres Garage Lo-Fi. On décèle un jeune talent capable d'enchainer les brûlots et les tubes avec une aisance remarquable. S'ensuit un premier album qui nous avait alors déçu. Oublié le son cradingue, Dylan Baldi avait beaucoup gagné en maturité en quelques mois seulement et la fougue n'était déjà plus là, les mélodies non plus d'ailleurs... Un an plus tard, Attack On Memory montre un groupe qui a encore vieilli mais qui semble enfin avoir trouvé son chemin et retrouvé son inspiration.

Dès l'ouverture on est surpris par l'absence de frénésie, lui qui avait tendance à partir au quart de tour, il nous offre en lieu et place cette longue montée qui finit dans une explosion de rage. Bien que ce morceau soit assez singulier par rapport au reste qui a tendance à jouer à toute berzingue, Cloud Nothings présente avec No Future/No Past la ligne directrice de leur nouvel album. Le son est puissant, clair et massif. Instantanément, il est difficile de ne pas penser à Nirvana qui pouvait eux aussi jouer dans ce registre d'autant plus lorsque Dylan Baldi crie comme un enragé (Bon dieu comment fait-il pour ne pas se faire pèter les cordes vocales ?), jouant cette fois ci sur les plates bandes de Francis Black qui restera un des plus grand et beau gueulard de l'indie Rock.

Après cette mise en bouche, le groupe de Cleveland revient vers des chansons plus directes et incisives où ils alternent entre le punk et le grunge mais toujours à la sauce des années 90, et ça cogne sévère. No Sentiment, chanson la plus « calme », est tout de même portée par cette guitare jouant inlassablement la même note à une vitesse folle, le son nous écrase et Baldi crie encore. C'est un disque qui bien que jouissif et très direct vient vous bousculer, on s'éloigne des compositions ensoleillées pour une ambiance plus sombre et inquiétante. Le groupe se permet aussi quelques extravagances comme avec Wasted Days, longue de 9 minutes mais qui passe à une vitesse folle ou la présence d'un titre instrumental alors que l'album ne possède que 8 chansons.

Quoiqu'ils disent, leur nouvelle production marque un grand changement dans leur son, peut être est ce parce que Dylan Baldi s'est moins comporté comme un homme orchestre et a laissé ses petits camarades marquer leur empreinte, peut être est ce le lieu mythique de l'enregistrement, n'empêche on reconnait le travail de Steve Albini par ce son massif et cette voix peu travaillée qui donne au disque un supplément d'âme, un disque qui semble être taillé dans la roche, un disque sans fioritures qui se contente de faire les gros bras non sans finesse.

Attack On Memory, qui porte très bien son nom, est une belle surprise de la part de Cloud Nothings qui nous avaient quelque peu déçus. Sans temps morts, on passe avec eux une demi-heure qui vous décrasse les oreilles et vous fait taper du pied comme jamais. Si les références ont tendance à jouer en leur défaveur on appréciera cependant l'ensemble pour sa cohérence et sa qualité car ce n'est pas tous les jours qu'on tombe sur des albums aussi jubilatoires.
Panda-Panda
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le 1 avr. 2012

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Panda-Panda

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