A.k.a P.O.S

Minneapolis c'est dans le Minnesota. Aux confluents des fleuves Minnesota et Mississippi. Une ville à égale distance de la côte Est et de la côte Ouest. Une culture Indienne encore fortement imprégné dans la mémoire de la ville et une identité culinaire à base de fromages locaux, de poissons d’eaux vives et de charcuterie de bison vantée par les autochtones.
... Voilà.
Niveau zique. Il y en a un. Un seul. Le Kid. Le Kid De Minneapolis.
Un mètre vingt de talent. Chanteur magique, guitariste hors-norme, multi-instrumentiste génial. Artiste protéiforme ayant aussi bien conquis la grande distribution pleine de tubes et de disques d'or que les milieux plus underground et pointilleux. PRINCE. Un des plus grands artistes de la scène Américaine de cette saloperie de XX ème siècle.
... Voilà.

Et sinon ? Sinon rien.

Ah si ! Un certain Stefon Alexander. A.k.a P.O.S.
Stefon est un jeune Americain né en 1981 à Minneapolis. Minneapolis, malgré ses spécialités culinaires et son sang Cheyenne, n'offre en rien les infrastructures d'un plein épanouissement artistique pour un jeune Afro-Americain de banlieue. Et c'est tant mieux !
Stefon va se faire tout seul et devenir P.O.S.
L'ami Stefon ne vient pas du Hip-Hop. C'est dans le Rock qu'il plonge tête baissée durant son adolescence et plus précisément sa frange dure: Punk, Grunge ou Hardcore.
Bien décidé à faire bouger la paisible tranquillité de sa triste ville, il monte avec quelques amis le collectif énervé et radical Doomtree. En 2004 sort Ipecac Neat le premier album de P.O.S entièrement produit par le collectif.
L'album connaît un petit succès d'estime mais les circuits de diffusion restent confidentiels et ne permettent pas l'envol bien mérité du "nouveau" rappeur.

Stefon s'en tape et déborde de projets. Le "nouveau" rappeur troque à nouveau pour quelques temps la casquette à l'envers pour le perf' râpé.
Il s'implique en tant que chanteur et guitariste avec le groupe Punk Building Better Bombs dont le premier album Freak Out Squares sort en 2007. Il est également membre du groupe Hardcore Wharf Rats et collabore au "Noise Band" Marijuana Deathsquads.
La créativité de " l'autre " natif de Minneapolis semble sans fond, tentaculaire, brassant formes et styles dans une grande liberté de ton.
En 2006 et après une myriade de projets musicaux plus ou moins aboutis, sort Audition le deuxième -véritable- album de P.O.S.

En quarante cinq minutes épuisantes, le rappeur de Minneapolis livre un opus rageur et parfaitement maîtrisé.
C'est un album de Hip-Hop, de pur Hip-Hop que crache P.O.S à la gueule des Rockeurs. Un album de Hip-Hop constamment parasité par une énergie Rock, une violence Punk que P.O.S jette au visage des Rappeurs.
P.O.S sait ménager ses effets. L'ancien Punk se fait réfléchit et confectionne son album en équilibriste. Marchant sur le fil ténu de la retenue pour ne jamais faire basculer son skeud d'un côté ou de l'autre; restant léger et mesuré au milieu de ces nombreuses infuences qui peuvent paraître si éloignées.
Le flow nerveux et distinct fait merveille sur les très Old School Stand Up Let's Get Murdered) ou A Teddy Bear and a Tazer. Ce Rap du Minnesota, ce Rap du milieu penche nettement vers son côté East par des paroles plus engagés et un sens du sample plus lourd et Jazzy.
L'homme n'hésite pas, en grand connaisseur, a récupéré quelques boucles "Gainsbouriennes" sur Paul Kersey to Jack Kimball en samplant la batterie de "Couleur Café" sur l'intro, la basse profonde de "Mélody Nelson" en rythmique et terminant sur les orgues lancinantes de "L'homme à tête de chou".
Half Cocked Concept ou Yeah Right (Science, Science) viennent réveiller les appétits Rock, la gloutonnerie Hardcore que l'homme se plaît à jouer depuis son adolescence. La nervosité Punk, les riffs distordus de gratte et la prod' corrosive (façonnée par le bonhomme lui-même) enrichissent encore un peu plus le matériau.
C'est P.o.s. is ruining my life qui viendra mettre tout le monde d'accord, qui viendra mettre tout les styles d'accord. La fusion du Hardcore sans concessions et des "roots" du Hip-Hop made in ghetto, opère à la perfection.
Le point d'équilibre, si délicat, si fluctuant, est atteint.

L'audition est réussie.