Bizarro World
5.4
Bizarro World

Album de Deadlock (2011)

A croire que c’est la série des interrogations existentielles en ce moment. Après UNIVERSUM et ses invités peu utiles, OMNIUM GATHERUM et l’inspiration des tournées, DEADLOCK nous force à nous demander jusqu’à quel point le concept lyrique d’un album peut se permettre d’intervenir sur l’orientation de la musique du groupe. Celle-ci doit-elle simplement suivre un cours logique, avec peut-être quelques apports différents de-ci de-là, tout en restant foncièrement dans le style habituel, servant donc juste à porter les paroles ou, au contraire, est-ce nécessaire qu’elle corresponde totalement à l’atmosphère et l’univers développés dans les textes, peu importe les sonorités que cela implique d’intégrer aux compositions ? Un questionnement délicat, puisque si un concept s’épand au-delà des écrits, cela ne peut clairement que renforcer ses propos. Toutefois, certains impliqueraient une telle hétérogénéité, et absurdité, qu’ils en seraient bien peu appréciables. Pour ce qui est de ce nouvel album des Allemands, il soulève la perplexité au maximum quant à sa constitution et ses aspirations.

Proposant un étrange concept tiré des comics DC, apparu au début des années 1960, où l’histoire se déroule sur la planète carrée Htrae (l’envers de Earth) qui est régie par des caractéristiques contraires à celles de la Terre - soit ce qui est beau est haït, ce qui est horrible adoré, et la perfection y est clairement interdite - et que le groupe utilise pour réaliser des parallèles critiques avec le monde actuel (politique, industrie pharmaceutique, égocentrisme…), ce Bizarro World s’engage le long de sentiers épineux et contestables. En outre, la teneur d’une pochette à l’optique rappelant celle du dernier SONIC SYNDICATE, avec ses tons bleus et la modification du logo stylisé pour une version plus sobre et moderne, installait déjà fortement le doute quant à la direction prise par la musique.

[...]

D’ailleurs, c’est bien un des éléments qui a été principalement reconsidéré pour cet album, et qui ne joue pas spécialement en sa faveur. La balance entre Sabine et Johannes penche considérablement en faveur de la jeune femme qui s’accapare la majorité des lignes essentielles, au détriment de celles du frontman, si l’on peut encore le compter comme tel. Une permutation entre les présences des deux vocalistes aurait certainement rendu l’album bien plus attrayant ; ce qui n’est, du coup, pas le cas ici, surtout dû à l’absence des intenses mariages avec l’instrumentation qui dynamisaient les morceaux et permettaient de nuancer l’apport mélodique. Sur Bizarro World, celle-ci s’impose dense et puissante lors des couplets agressifs de Johannes, puis s’affaiblit subitement à l’arrivée des refrains exclusivement en chant féminin clair, ce qui amène de nombreuses disparités.

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Les cordes voisines se montrent, pareillement, plus expressives et constituent le principal charme de ce nouvel album. A savoir que la guitare lead a été mixée à la hausse dans les aigus, nous privant des lignes chaleureuses de Sebastian Reichl, pour ne laisser que des riffs rudes et grinçants. Ce qui ne l’empêche pas de conserver un apport mélodique efficacement mis en place, et une solide aptitude aux démonstrations, qui rendent les titres bien plus appréciables.

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Si je m’en étais tenu au Bizarro Code, qui établit : "Us do opposite of all Earthly things! Us hate beauty! Us love ugliness! Is big crime to make anything perfect on Bizarro World!", j’aurais très bien pu encenser ce disque en y décrivant des lignes de chant délicieusement plates et dont l’émotion arrive parfaitement à ne pas être partagée, puis m’étendre sur les qualités d’une rythmique peu dynamique, tout en regrettant le manque d’incohérence des apports électroniques. Toutefois, DEADLOCK a eu la mauvaise idée de sortir cet album sur Terre et, bien qu’il colle plus ou moins à son concept, en proposant des contrastes de cadences déroutants, des mélodies principalement disparates, et des compositions antinomiques, avec un ratio des deux chants inversé, cela ne permet pas à Bizarro World de récolter les éloges puisqu’il reste un album aux maladresses apparentes, malgré un maniement des guitares tout à fait correct et une utilisation intelligente des claviers aux effets variés. En fait, on en viendrait même à espérer que cette direction musicale ait été grandement influencée par l’idée derrière les textes ; mais cette évolution semble, pourtant, être belle et bien une volonté du groupe pour tenter de nouveaux arrangements sonores. Le produit final se révèle alors décevant, mais s’inscrit dans la continuité de la transformation musicale du combo allemand, et titille tout de même notre curiosité, pour peu que l’on apprécie les apports électroniques, quant à la finalité de cette métamorphose que l’on espère être mieux aboutie.

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AntoineRA
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le 28 oct. 2012

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AntoineRA

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