Le Dead avait été relancé en 1987 avec le succès inespéré pour le groupe de « In the dark » et en particulier du single irrésistible « A Touch of Grey ». On pouvait donc espérer que le groupe continue sur sa lancée avec le dernier album sorti en 89, après une médiocre tournée avec Dylan en 87. Mais voilà, les soucis de santé de Jerry Garcia commencent à s'installer et influent progressivement sur son chant ainsi que son jeu de guitare pendant les sept dernières années de sa vie. Ce « Built to Last », dernière œuvre studio, se veut une suite de son prédécesseur avec les défauts (une production très eighties…) mais le tube en moins. Le son plein d’écho et de réverbération, se révèle très impersonnel, une volonté claire de passer sur les radios FM et MTV (ce que « A Touch of Grey » avait magistralement réussi).
C’est le claviériste Brent Mydland qui a ici la place prééminente avec des synthés un peu trop mis en avant et un peu obsolètes aujourd’hui. C’est lui qui signe le blues "Just a Little Light", l'enfantin "I Will Take You Home" en conclusion (et quelque peu en marge du groupe), mais aussi "Blow Away" et "We Can Run". Bob Weir n’est pas dans une forme éblouissante avec « Picasso Moon » sympathique mais pas incontournable du tout. Alors bon, si on sauver quelques morceaux, ce serait sans doute « Victim or the Crime » où Weir se révèle bien meilleur, et puis ceux écrits par Garcia et Hunter avec « Foolish heart » et « Built to Last ». C’est tout de même léger et on ne peut s’empêcher d’être déçu par cette ultime réalisation. La dernière partie de l’histoire du Dead va être compliquée, de 1990 (décès de Mydland) à 1995 (mort de Garcia), les publications du groupe sont partagées entre compilations et archives live. Cependant les concerts eux continuent de remplir les stades de fans heureux de nombreuses générations et qui viennent voir une véritable institution, une page importante de l’histoire du rock. Garcia est allé jusqu’au bout de ses forces, mort d’une crise cardiaque alors qu’il était dans un centre de désintoxication le 9 août 1995. Mais l’aventure du Grateful Dead a continué autour de Lesh et Weir, sous différents noms et différentes configurations. Weir a continué depuis 2015 dans Dead and Company avec Mickey Hart et Bill Kreutzmann avec John Mayer à la guitare, grand fan du groupe. « The music never stopped », comme le groupe le chantait en 1975 dans son album « Blues for Allah » !