Catharsis
4.3
Catharsis

Album de Machine Head (2018)

Avis aussi long et chiant que l'album, avec plein de remplissage et de branlette pr faire comme Rob

Si un manuel du "tout ce qu'il ne faut pas faire pour votre groupe" existerait, Machine Head serait tout indiqué pour en signer la préface tant le groupe d'Oakland est un cas d'école.


Débarquant au lendemain de l'overdose de grunge, à l’époque où Metallica portait du Prada et juste avant l'éclosion de Korn et Deftones, le timing se révèle parfait pour lâcher son Burn My Eyes, petite tuerie thrash/groove, permettant au groupe de fracasser la porte d’entrée du metal grand public . Pas la peine de s'étaler sur ce classique intemporel, ni sur le 2e opus du groupe, The More Things Change qui, comme les ¾ des deuxièmes albums se contente d’appliquer (avec brio) la fameuse technique du « battre le fer tant qu’il est encore chaud ». Bref, ça commençait bien. La suite par contre partira en vrille complet. Généralement, le 3e album pour un groupe est une étape charnière, et avec The Burning Red Machine Head se vautre magistralement. N’ayant que partiellement transformé l’essai avec TMTC et sentant le vent tourner (nous sommes à ce moment en plein âge d’or du neo), Robb Flynn, seul maître à bord depuis les débuts du groupe, décide de se la jouer opportuniste pour rattraper le train en marche. Résultat : une approche plus mélodique, des riffs de guitare sous accordés, des titres jumpy, Flynn tentant de rapper, des survêts fluo et des tonnes de vivelle dop fixation béton... Deux ans plus tard, et en dépit des critiques, le groupe persiste et signe (son arrêt de mort ?) dans cette mouvance avec Supercharger. Album raté et moqué, critiques désastreuses, four commercial, nouveau changement line-up (le 3è, Ahrue Luster quittant le navire pour rejoindre Ill-Nino, c’est dire), deal avec Roadrunner pas renouvelé, Flynn fauché comme les blés et démarchant les labels avec un titre radio-friendly (pin and needles) comme on fait le tapin… MH n’aurait pas dû s’en relever. Toutefois en 2003, sorti de nulle part et avec l’arrivée de Phil Demmel, le groupe revient sur le devant de la scène avec Through the Ashes of Empires. Excellent retour aux sources pourtant parfaitement ancré dans son époque. S’en suit The Blackenning, son album le plus ambitieux, le plus épique, le plus « tout » tout simplement. Une incontestable réussite qui fait de MH un groupe majeur (tournée triomphale de presque 3 ans, nomination aux grammys, étiquette de « Master of Puppets du 21e siècle » dixit Kerrang !, louange du sieur Hetfield). Flynn et sa bande ont placé la barre très haute avec cet album, trop haute probablement. L’égo du père Robb recommence à faire des siennes, les tensions entre lui et le reste du groupe apparaissent (provoquant l’éviction d’Adam Duce par la suite), l’état de santé de Demmel se détériore…. Évidemment dans ce contexte difficile de faire de la qualité. Si Unto The Locust est un sous Blackening, Bloodstones&Diamonds est quant à lui un sous Locust… Deux albums pas mauvais mais deux albums pour rien.


Ce qui nous mène à ce 9e opus. A un moment dans INCEPTION, Cobb dit que l’on aspire tous à la réconciliation et à la catharsis. Machine Head vient de réussir l’exact contraire. Un ratage complet qui voit le groupe se mettre à dos une grosse partie de sa fanbase.


1er constat : la pochette est, comme souvent avec eux, hideuse.
2e constat : l’album est trèèèèès long (74min).
3e constat : sur 15 titres, 2 sont réussis (en étant sympa) soit un ratio équivalent à celui tirs/buts d’Alessandro Matri.


Si MH a toujours eu la bonne habitude de démarrer ses albums avec une grosse mandale, Catharsis s’ouvre sur un « Volitale » au final pas si mauvais si on prend en compte la suite mais qui souffre d’un pré-refrain niait et de paroles digne d'un collégien (R.Flynn a jamais été un grand parolier mais il savait faire preuve d’un minimum de subtilité, là entendre un mec de 50 piges me gueuler dans les esgourdes FUCK THE WORLD et me dire que les nazis sont méchants, c’est assez malaisant). Après, on a droit au titre qui donne son nom à l’album, l’un des seuls que je trouve réussi notamment grâce aux harmonies vocales de Flynn et Jared MacEachern, mais rien de fou non plus. La suite est foirée, pêle-mêle : Beyond The Pale est encore plus plat que Vanessa Paradis (Devin Townsend a appelé, il voudrait récupérer son riff d’ailleurs) ; « Kaleidoscope » est juste ridicule avec son clapping digne d’un match de la sélection islandaise ; le dropick-murphysien « Bastards » et sa charge anti-Trump (quelle audace) est chiant comme un film de Sofia Coppola ; le très neo « Triple Beam » ne fonctionne pas et même en 2001 il aurait pas fonctionné ; le Hard-FM « California bleeding » fait passer Stone Sour pour un grand groupe, l’acoustique « Behind the mask » rappel à tous que faire une balade bah c’est pas si simple que ça… Le reste n’est que redite de riffs, solis, harmonies et break auxquels le groupe nous a habitué depuis The Blackening et les expérimentations sont loupées. Seul les titres de pur Machine Head sont efficaces (« Razorblade Smile »). Sinon, tout sent le réchauffé, tout est sur-joué, tout est incohérent (forcément en bouffant à tous les râteliers). Le pire dans cette affaire c'est que l'ensemble est bien exécuté : les mecs savent jouer, Dave Mcclain est toujours un batteur phénoménal, la basse du nouveau est bien mise en avant et ses backing-vocals sont de qualités, Robb Flynn livre sa prestation vocale la plus riche, la production est irréprochable mais ça ne prend pas.


Robb Flynn avait déclaré il y a quelques mois que ce disque allait être le plus mélodique du groupe depuis The Burning Red. C’est le cas mais il aurait dû préciser que c’était également le plus mauvais depuis cette triste époque. S'il avait réussi un comeback mémorable il y a 15 ans, Machine Head vient, à nouveau, de se tirer une balle dans le pied. Restera la scène, comme toujours avec les californiens, là où ils ne déçoivent jamais. Reste juste à espérer qu’ils ne joueront pas beaucoup de titres de Catharsis dans 2 mois au Bataclan (et accessoirement que R.Flynn ne tombera pas sur cet avis, pas envie de me faire afficher sur son instagram).


(Avis à chaud après 3 écoutes donc susceptible d'évoluer avec du recul même si c'est fort peu probable tant cet album est foiré)

BenjLocat
3
Écrit par

Créée

le 26 janv. 2018

Critique lue 1.4K fois

25 j'aime

8 commentaires

Benj Locat

Écrit par

Critique lue 1.4K fois

25
8

Du même critique

Grave
BenjLocat
9

Approuvé par la L214

Le moins que l'on puisse dire c'est que rarement un film plus ou moins affilé au genre horrifique aura bénéficié d'un tel engouement que Grave. À vrai dire, la dernière fois qu'un film de genre...

le 21 mars 2017

6 j'aime

The Nothing
BenjLocat
9

La bête bouge encore

Père fondateur d’un mouvement musical décrié, groupe has-been pour beaucoup, ou poliment oublié aujourd’hui, qu’attendre d’un album de Korn en 2019, qui plus une année qui aura vu d’autres...

le 1 déc. 2019