ChangesNowBowie
7.7
ChangesNowBowie

Album de David Bowie (2020)

De bonnes nouvelles de notre étoile noire...

Ne pas se laisser abuser par le titre de cet album (Don’t be fooled by the name… clin d’œil aux fans) : la référence à diverses compilations archi-commerciales publiées du vivant de l’Artiste musical le plus important du XXè siècle (oui, on ose, et sans ressentir aucune gêne d’exprimer ainsi notre amour absolu !) est totalement trompeuse. Car ce titre aussi banal que… mensonger cache un VRAI album de Bowie, et même l’un de ses plus beaux : il ne contient certes que des titres déjà connus - mais aucun véritable succès commercial, il faut le souligner -, dans des versions toutes bien différentes des originales, et pour la plupart – et nous pesons nos mots – sublimes !


Il s’agit ici de l’enregistrement – inédit - de répétitions ayant eu lieu avant le concert de ses 50 ans au Madison Square Garden de Janvier 1997, datant donc d’une époque où Bowie était plutôt dans une phase plutôt expérimentale et largement électronique, entre les deux réussites artistiques que furent "Outside" en 1995 et "Earthling" en 1997. Il est donc surprenant de l’entendre reprendre ici certaines des chansons les plus intimistes, les plus personnelles sans doute de son répertoire des années 70, surtout avec une délicatesse, un raffinement dont il avait perdu l’habitude depuis le début des années 80 et l’explosion de sa célébrité planétaire.


La moins bonne chanson de "ChangesNowBowie", dont on aurait pu éventuellement se passer, est le "Shopping for Girls" de Tin Machine (ce qui n’est pas, du coup, une surprise), joué dans un esprit « country avec pedal steel guitar » qui a le mérite de surprendre. Pour le meilleur, on n’a que l’embarras du choix, et on pourra se déchirer durant de longues soirées entre fanatiques de "Hunky Dory" ("Andy Warhol", "Quicksand"), de "The Man Who Sold the World" ("The Man Who Sold the World", "The Supermen" immense titre « metal » qu’il est formidable d’entendre dans une version aussi retenue), de "Ziggy" ("Lady Stardust", à notre connaissance jamais interprété avec cette émotion) ou d’"Aladdin Sane" ("Aladdin Sane", justement…, mais chanté en duo avec Gail Ann Dorsey et joué à la guitare acoustique, avec juste une courte intervention de Mark Plati au piano !). Une chose est certaine, ces chansons « classiques » qui rivalisent, on le savait déjà, de perfection, sont interprétées ici avec un degré d’émotion inhabituel chez ce génie qui était aussi un obsédé du contrôle, de l’apparence, et était connu pour ne jamais baisser la garde, ne jamais dévoiler complètement son véritable visage derrière ses multiples « persona ».


A noter un seul moment vraiment « Rock » parmi ses sessions largement acoustiques, mais pas n’importe lequel, sa reprise de l’immortel "White Light / White Heat" du Velvet Underground, dans une tonalité post-moderne, décalée qui rend pourtant hommage au génie de Lou Reed. Cerise sur le gâteau : le son est absolument remarquable, à la fois lo-fi si l’on veut et très clair, loin des normes actuelles de compression.


Bon, puisqu’il s’agit ici de notre chronique, et que cela nous autorise d’imposer notre opinion, avouons en toute sincérité que la conclusion de l’album sur un "Quicksand" invraisemblable de finesse nous laisse absolument transi et en larmes : « Don't believe in yourself, don't deceive with belief / Knowledge comes with death's release / Aah-aah, aah-aah, aah-aah, aah-aah ».


[Critique écrite en 2020]

EricDebarnot
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Poussière d'étoiles, hommage à l'un des plus grands artistes de notre siècle : David Bowie et Les meilleurs albums de 2020

Créée

le 24 avr. 2020

Critique lue 460 fois

15 j'aime

3 commentaires

Eric BBYoda

Écrit par

Critique lue 460 fois

15
3

D'autres avis sur ChangesNowBowie

ChangesNowBowie
YasujiroRilke
7

Critique de ChangesNowBowie par Yasujirô Rilke

Dans l'écrin libérateur du live, certains des plus grands morceaux de Bowie ("The Man who sold the world", "Aladdin Sane"...) trouvent une nouvelle tessiture, de nouveaux accords, qui les rendent à...

le 29 juil. 2020

1 j'aime

ChangesNowBowie
Toshiba
7

Fifty years

Il m'est arrivé de suivre la presse rock pendant mon adolescence et je me demandais comment des mecs pouvaient avoir un avis gravé dans le marbre en peu d'écoutes. J'y pense car me voilà en train de...

le 19 avr. 2020

1 j'aime

ChangesNowBowie
Amaury-de-Lauzanne
10

Diamant de dément ! Bowie retrouve son démon....

Merveille des archives....En novembre 1996, David Bowie se trouve alors à New York en pleines répétitions pour le concert qu'il doit donner au Madison Square Garden le 9 janvier de l'année suivante...

le 7 janv. 2024

Du même critique

Les Misérables
EricDebarnot
7

Lâcheté et mensonges

Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...

le 29 nov. 2019

204 j'aime

150

1917
EricDebarnot
5

Le travelling de Kapo (slight return), et autres considérations...

Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...

le 15 janv. 2020

190 j'aime

104

Je veux juste en finir
EricDebarnot
9

Scènes de la Vie Familiale

Cette chronique est basée sur ma propre interprétation du film de Charlie Kaufman, il est recommandé de ne pas la lire avant d'avoir vu le film, pour laisser à votre imagination et votre logique la...

le 15 sept. 2020

185 j'aime

25