Chet Baker Trio – Chet’s Choice (1985)
Ces sessions du six et du vingt-cinq juin de l’année quatre-vingt-cinq, sont souvent considérées comme considérables et se placent haut dans le cœur des amateurs, particulièrement pour ceux qui aiment cette dernière période, souvent européenne, qui nous laisse à entendre un excellent trompettiste, mais parfois accompagné par des musiciens mal préparés et pas toujours à la hauteur des enjeux.
Ici ce n’est pas le cas, et, par ce seul fait, « l’esprit » est là ! On garde cependant le répertoire qui sied à ce musicien, des standards et des reprises qu’il aime magnifier et élever tout là-haut, un truc qu’il sait le seul faire, alors le répertoire est habituel, du moins conforme à la vaste culture qu’il cultive et ressuscite dans un coin de son cerveau.
Mis à part « Adriano », une pièce signée par le guitariste de la session, Philip Catherine, qui réussit à se hisser au niveau de Chet, il y a également le contrebassiste Jean-Louis Rassinfosse, remplacé sur trois pièces par hein Van De Geijn. La magie fonctionne vraiment sur ces faces en trio et l’on se régale des merveilles qui défilent, « If I Should Lose You », « Sad Walk », « How Deep is the Ocean », « Doodlin' » d'Horace Silver, « Conception »de Miles Davis ou « Love For Sale de Cole Porter…
Selon la version l’album est plus ou moins complet, le format Cd contient au total soixante-deux minutes et quarante et une seconde avec trois inédits, dont « My Foolish Heart » où Chet chante comme il sait faire, de quoi bouleverser et secouer les cœurs…
Il faut dire que les trois tournent ensemble depuis deux années, ce qui est long quand on considère la vie de patachon de Chet, souvent instable et capable parfois de coups de tête, hélas à la merci de ses démons. Chet avait joué en Allemagne il y a peu et Gerry Teekens, producteur de cet album, lui avait demandé s’il était capable de renouveler la qualité de ce concert en studio, alors Chet avait répondu : « En fait, je peux faire bien mieux que ça !»
Et comme Chet est plutôt un homme de parole quand on lui parle musique, voici le résultat, bon, on n’est pas sur un gros label et ça fait un peu « pssshhittt », mais le temps fait son affaire et redresse les perspectives, de quoi rendre justice à Chet et à cet album en trio, l’un de ceux qui respire le mieux, parfaitement équilibré, et où chaque note tient sa place…
… de quoi en faire un indispensable.