Antoine Berjeaut – Chromesthesia (2022)


Voici « Chromesthesia » à peine sorti en version vinyle sur le label franco-japonais « Menace », nous ne sommes pas très loin de ce qui précède car « Moving Cities » l’album précédent d’Antoine Berjeaut avait été enregistré et produit avec Makaya McCraven. Mieux encore, Antoine est un membre éminent du Surnatural Orchestra auquel il participe depuis ses débuts, que de coïncidences qui ne tiennent peut-être pas au hasard, les événements se télescopent avec leur rythme propre…


Sur bandcamp cet album a été annoncé il y a quelques mois avec un tirage de cinquante exemplaires au format vinyle, bon, j’ai tout de même remarqué qu’il était proposé à la fnac, sommes-nous toujours dans le continuum de cette même édition ? Qu’importe en fait, mais je vous livre cette observation.


On connaît les qualités du bugliste – trompettiste, particulièrement pour sa science des solos où il performe avec maestria, mais également pour ses talents de compositeur et de bidouilleur, à la façon d’un McCraven, il coupe, colle et transforme les réalités pour en présenter une nouvelle, virtuelle, née de son imagination.


Au jeu des comparaisons avec l’album précédent, il me semble que celui-ci est d’un accès moins immédiat, il se livre moins facilement mais n’est pas moins beau ni moins réussi, bien au contraire, mais il demande sans doute une écoute plus attentive.


Concernant les accompagnateurs on reste dans le très haut niveau du jazz français, mais, faut-il le préciser, notre pays regorge de talents, et il ne manque pas d’excellents musiciens, encore faudrait-il aider davantage à la création d’une scène française dynamique, particulièrement hors de la période des festivals.


Enzo Camiel est au Fender rhodes, au piano et aux synthés, Gauthier Toux au Prophet Synth, Csaba palotaï et l’excellent Arnaud Dolmen à la batterie et aux percussions. Il y a également des invités, ainsi on entend une guitare, une basse clarinette et une flûte, on remarque également la présence de Julien Lourau qui a arrangé le thème d’ouverture.


Le titre « Chromesthesia » évoque des « résonances synesthésiques » entre les sons et les couleurs, une sorte de démarche de peintre, ou de quelque chose qui a à voir avec l’art pictural. J’avoue que mon imaginaire ne s’est pas transformé en délire colorés et que je suis complètement passé à côté du truc, s’il y a quelque chose à saisir. Peut-être est-ce plus sûrement la démarche du musicien créateur qui s’inspire de ces choses-là…


Mais l’album est bon et chaque piste possède son charme, de « PPDQ » à « Meeting Point » ou de « Horns & Battle » à « Life in Ocre » ou bien encore de « Red Lines » à « Solar Hit » on ne s’ennuie jamais, dix compos qui s’enchaînent impeccablement. L’album baigne dans l’électro-doux, les petites touches malines et une sorte d’éther qui charme et séduit…

xeres
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le 5 janv. 2023

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