Clapton
7
Clapton

Album de Eric Clapton (2010)

On connaît tous Clapton le chanteur/guitariste, aussi soliste de talent, qui saisi intelligemment l'humeur à travers sa black strat et sa voix. Ce dernier est souvent associé, à juste titre, à Clapton le bluesman. Depuis les années 60, on a aussi côtoyé Clapton le compositeur ainsi que Clapton le producteur. Là où les deux premiers sont quasi irréprochables, les autres ont autant de moments de gloire que de moments de faiblesse durant cette longue carrière. Alors, régulièrement, quand Clapton le compositeur est suffisamment éclairé pour convenir qu'il est un peu à sec, (et plutôt que de s'allier au producteur pour accoucher d'une daube), Clapton le bluesman ressurgit et propose un énième retour aux fondamentaux. Le soucis, c'est qu'entre From the Cradle, Riding With the King, Me and Mr. Johnson, Sessions for Mr. J. et, dans une moindre mesure, The Road to Escondido, Clapton a déjà fait le tour de la question, et à chaque fois d'une bien belle manière.


Sur le papier, tout est fait pour rassurer l'adepte du blues à papa. L'abondance de grands noms ayant collaboré à l'enregistrement de l'album (Allen Toussaint, Derek Trucks, J.J. Cale...) et une tracklist comprenant quasi-exclusivement des reprises de classiques laissent présager du meilleur. Seul (gros) bémol avant l'écoute, la coupe de cheveux du gratteux, tout à fait hideuse, sur la pochette de l'album... Et, une fois le disque lancé, ce Clapton tient assurément ses promesses, blues à souhait avec tout ce qu'il faut de guitares, d'harmonica et de rythmes chaloupés. Mais il s'agit clairement du disque "blues" de l'artiste le plus paresseux à ce jour. Pourtant ça démarrait très bien avec Travellin' Alone et son blues rock bien piquant, comme un clin d’œil aux Black Keys. Puis très vite, ça s'affaisse, et Clapton rentre bien au chaud dans ses pantoufles. A vrai dire, l'ensemble reste correct : la reprise de Robert Wilkins et la seule composition de Clapton (respectivement That's No Way to Get Along et Run Back to Your Side) sont d'ailleurs excellentes et on remarquera aussi le soin apporté à la diversité des styles de blues. L'ajout de morceaux plus jazzy évite toute sensation de répétitivité. Mais là où les albums "retours au blues" tel From the Cradle brillaient, c'était avant tout par leur production laissant apprécier la performance du groupe. On se croit en plein milieu de la salle de répétition où la magie du Blues naît. Clapton (l'album) est malheureusement dépourvu de cette magie. Bien que je n'ai aucune idée de la manière dont il a été enregistré, Clapton sonne comme si chaque instrument avait été mis en boîte séparément, dans des studios différents. De même pour le mix général des morceaux assez disparates. On ne sent ainsi aucune cohésion dans le groupe, tout comme dans le son de l'album bien trop lisse, globalement sans caractère (malgré le son de Travellin' Alone et l'ajout de quelques arrangements bien senti comme sur la fin de River Runs Deep).


En fait, Clapton est une sorte de compilation plutôt agréable, mais qui, à cause de son manque d'audace, subit difficilement une écoute complète. Finalement, il résume plutôt bien ce qu'est Clapton, un homme qui nous veut du bien mais qui manque parfois (souvent ?) d'aplomb, d'audace, de cran, de caractère pour transformer sa musique de la même manière qu'il fait sonner sa guitare.

Max_Bard
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs albums d'Eric Clapton

Créée

le 26 janv. 2016

Critique lue 725 fois

Max_Bard

Écrit par

Critique lue 725 fois

D'autres avis sur Clapton

Clapton
Max_Bard
6

Portrait

On connaît tous Clapton le chanteur/guitariste, aussi soliste de talent, qui saisi intelligemment l'humeur à travers sa black strat et sa voix. Ce dernier est souvent associé, à juste titre, à...

le 26 janv. 2016

Du même critique

You and I
Max_Bard
8

Le dimanche après-midi

1993, j'avais cinq ans. C'était un dimanche après-midi. On préparait des gaufres avec ma mère. L'atmosphère était calme, il faisait beau et l'air était frais. Ce jour là, Jeff Buckley est venu avec...

le 24 mars 2016

5 j'aime

Dodge and Burn
Max_Bard
6

More of the same

Au début, on est content de retrouver ce son particulier, ces riffs saccadés, ce soin apporté au son à grand renfort d'effets en tout genre et de fuzz. L'énergie est là et on en vient à s'imaginer...

le 18 oct. 2015

4 j'aime

2

Who Are You
Max_Bard
6

What Are You

Je suis profondément énervé par cet album. Ce n'est pas que celui-ci soit mauvais, ou juste moyen en général. Non. C'est plutôt qu'il contient autant de grandiose que de bouse ! Je déteste la...

le 17 janv. 2016

3 j'aime

2