Lorsque j'ai découvert Cruising, beaucoup de choses m'ont immédiatement marqué et entres autres, cette B.O exceptionnelle.


Ça fleure bon le monde interlope des 80's, les milieux undergrounds, la décadence, la période "no future"...
Bref, un temps désormais révolu...


Heat of the Moment ouvre le bal avec la voix éraillée du génial Willy Deville. avec sa ligne de basse et sa guitare aux sonorités blues. On peut y voir le fait de se laisser entrainer par l'ambiance régnant dans un lieu: celle du night-club underground du film, par exemple...


Arrive ensuite Loneliness de The Cripples, plus agressive musicalement et penchant vers une vraie sonorité punk. Peut être interprétée comme l'anticonformisme régnant dans le milieu gay SM, dépeint dans le film.


La troisième piste nous balance le Spy Boy de John Hiatt avec une mélodie rock "mélancolique" et des lyrics assez sombres, nous entrainant dans l'univers inconnu où se trouve plongé le personnage dont parle la chanson. Tout comme l'est Steve Burns dans le film...


Ensuite arrive le morceau rock aux lyrics assez violents, où la voix rauque de Madelynn Von ritz nous prévient que "quand je ferme les yeux, je vois du sang", annonçant ainsi une violence latente habitant le personnage dans la chanson. Peut-être est-ce une analogie à une certaine psychopathie, ce qui relierai les lyrics et les multiples tueurs du film...


Puis voilà l'excellent titre funk suggestif de Mutiny : Lump, qu'on peut traduire comme le "gros paquet"... Il est amusant de voir que les lyrics peuvent être interprétés d'au moins de deux façons: l'une peut-être "light" et vu comme une sorte de drague "innocente", l'autre étant bien plus graveleuse si l'on détourne le sens premier de certains mots en mode "urban style".
L'on se retrouve alors avec des lyrics très explicites, que l'on retrouvera dans les scènes se passants dans le club privé, à certains moments du film...
A noter un "clip" amateur fait par un gars dans les 80's, où le côté "urban style" est mis en avant. Ce mec est assez doué et c'est délicieusement vintage :
https://www.youtube.com/watch?v=gMi_4DpDKhY


La suivante est Shakedown du groupe Rough Trade et est assez entrainante, bien rythmée et nous entraine sur une course folle sur une voie express.
Peut être reliée de manière symbolique à la frénésie sexuelle se déroulant dans le club underground du film...


Vient la deuxième chanson de Deville, un bon rock bluesy comme on les aime. Là aussi, en se servant de l'urban style, on pourrait traduire le titre "Pullin' my string" par "tirer sur ma nouille"...D'autant plus que Deville dis juste avant: "Oh mercy me/now I’m down on my knees/Something, something, something, something is pullin’ my string"...Adéquate avec le sujet de Cruising, non?


Autre morceau (très) punk, Lion's Share de Germs, apporte son côté "fuck the rules", en adéquation totale avec cette communauté underground, telle que décrite à l'écran.


Punk encore avec le deuxième titre de The Cripples: Hypnotize. Un parallèle avec le cheminement d'un Steve Burns "hypnotisé" par les pratiques sans tabou des habitués du night-club underground.


Quand la dernière piste de cette B.O, c'est Willy Deville qui s'y colle une troisième fois, avec son excellent morceau, "It's so Easy". Sur un rythme entrainant, il dit dans le refrain: "No baby, I don't care what they say, it's so easy", reflétant bien la dernière scène se passant entre Burns et sa petite amie: tandis que celui-ci se rase dans la salle de bain, elle enfile la tenue en cuir, les lunettes miroirs et la casquette de son homme et semble apprécier le résultat.
Il est possible (bien que pas montré à l'image) que Burns ait aperçu sa petite-amie avec la tenue et que lui aussi approuve. Par la même, il accepte aussi ce qu'il est devenu...
Son regard nous sondant à la fin semble le dire.


En résumé, cette B.O est le reflet de l'âme du personnage principal (n'oublions pas la partition étrange mais géniale de Jack Nitzsche).
Elle est donc partie intégrante du film et d'une efficacité redoutable.


Hors-film, c'est une compilation de chansons excellentes, variation underground des années 80, placée sous le signe du Rock/Punk/Funk.


Un album essentiel à mes yeux!

Franck_Plissken
10
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Créée

le 17 avr. 2016

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The Lizard King

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