On appelle ça un sacré coup de pouce : Dominique A. clamant haut et fort tout l'intérêt à Chapelier Fou. On avait découvert le Messin comme invité sur l'album de Zéro Degré, ce premier EP est l'occasion de connaître plus à fond l'univers particulier de Chapelier Fou. Tirant son nom d'Alice au pays des Merveilles, Chapelier Fou est un musicien de formation classique (violon surtout mais aussi clavecin) ayant trouvé sa voie grâce à l'ordinateur. Cela peut sembler paradoxal et c'est justement ce qui fait toute la particularité d'un musicien qui se sert de l'oversampling pour accumuler les différents strates qui feront sa musique. Il est amusant de voir qu'en 6 titres, Chapelier Fou tourne sans cesse le curseur vers plus ou moins de d'électronique, de sons distordus et d'ambiances déstructurées. En ouverture, Darling, darling, darling commence donc sur un violon qui se met en boucle et trouve rapidement des machines comme alliés. C'est un peu Yann Tiersen chez Wax Taylor, le premier donnant un supplément de chair au second, le second donnant une mélancolie moderne au premier. Après entre un intermède mandoline-violon presque Vivaldien, Chapelier fou propose ensuite deux titres à l'atmosphère de friches industrielles ;


une electronica minimaliste que l'on n’aurait pas imaginer de la part d'un violoniste. Une liberté de ton, une mise en danger, une volonté d'explorer des terrains moins familiers, c’est un peu les trois ensemble de la part d'un artiste qui détonne, intrigue et refuse de se carrer dans une place bien précise. Avec Trèfle, la musique retrouve son équilibre hybride : sur des programmations, jouent à cache-cache un thème poppy et gentillet joué au clavier, un violon en pizzicato battant la chamade et un autre violon à l’âme slave. Sur le dernier Gmbh, Chapelier Fou fait à nouveau le grand écart : on ne sait plus si on n’est dans la toy music, la synthé pop pour enfants ou dans une version toute particulière de la musique dance pour Playmobil. Un peu comme du Pascal Comelade chez Montag, deux noms que l’on n’aurait pas mis ensemble et que Chapelier Fou réunit pour notre plus grand bonheur. L’album à venir sera, paraît-il, totalement différent de cet EP, lui-même assez hétérogène. Ça promet.

denizor
8
Écrit par

Créée

le 2 sept. 2015

Critique lue 202 fois

denizor

Écrit par

Critique lue 202 fois

D'autres avis sur Darling, Darling, Darling... (EP)

Darling, Darling, Darling... (EP)
IcarePointbarre
8

Une super vitrine pour le travail du Chapelier Fou

Impressionant sur scène comme au studio, le Chapelier Fou nous emmène dans son univers mélancolique, asymétrique, doux et pleins d'angles à la fois. Cet EP permet de se faire une idée de l'étendue...

le 21 janv. 2013

Du même critique

Oiseaux-Tempête
denizor
8

Critique de Oiseaux-Tempête par denizor

Le monde appartient aux ambitieux et Oiseaux-Tempête ne nous propose pas un simple voyage post-rock mais une véritable Odyssée dans une musique qui n’a pas encore livré tous ses secrets. Album après...

le 10 janv. 2014

13 j'aime

Pain Is Beauty
denizor
8

Critique de Pain Is Beauty par denizor

Il est amusant de voir la promo de Chelsea Wolfe ramer pour définir la musique de la demoiselle : « drone-metal-art-folk » tel est le genre-valise utilisé pour catégoriser la musique de l’Américaine...

le 28 oct. 2013

12 j'aime

After My Death
denizor
7

Psyché adolescente et autopsie d'une société

Samaria ou Poetry, le cinéma sud-coréen est hanté par les suicidées adolescentes. Nouvelle pierre à cet édifice mortifère, voici After my death, premier film de Kim Ui-Seok. Glaçant. Kyung-min, une...

le 19 nov. 2018

11 j'aime