De Doorn
7.7
De Doorn

Album de Amenra (2021)

Cela fait longtemps que je ne me suis pas amusé à faire une critique. J'ai longuement hésité à parler du dernier Deafheaven, que je ne cesserai de défendre, tout comme les derniers albums de King Gizzard. Mais je trouvais l'idée sans intérêt, peu enrichissante pour ma personne. En revanche, parler d'un album, que dis-je, d'un groupe qui me fascine autant qu'il me rebute, peut s'avérer réellement intéressant.


Amenra est un groupe de métal belge à l'ambiance unique. Découvert pour ma part avec leur single A Solitary Reign. Son riff entêtant, ses accords puissants et lourd, son chant tantôt doux, tantôt emplie de haine et de douleur. Le groupe avait tout pour me plaire. Pourtant, l'écoute de Mass VI n'a pas été, pour moi, un coup de cœur. Et autant le dire tout de suite, ce De Doorn non plus. Malgré tout, la musique d'Amenra, bien qu'assez répétitif dans ses thématiques, ses structure, ne cesse de me hanter. Etant habitué à souvent binge-listen des albums (comme la nuit précédente, avec la discographie de Saor, que j'ai particulièrement savouré), mon cerveau à pris l'habitude de trier ce qui l'attire, et au contraire, ce qui ne l'intéresse pas. Je peux donc apprécier certaines musiques sans jamais y retourner, comme au contraire, en détester certaines et pourtant y revenir jusqu'à la jouissance ultime. Je pense par exemple à Lomepal, dans un registre totalement différent.


Je ne déteste pas Amenra, loin de là. Pourtant, à chaque écoute, je ne sais quoi en dire. Si je suis certains vis à vis de leur titre phare, j'ai plus de mal concernant le reste de leur discographie. Je n'ai d'ailleurs pas encore écouté d'autres albums, je ne possède que deux titres sur mon portable. Et pourtant, j'écoute beaucoup d'Amenra en ces temps. Déjà, parce que j'ai un ami qui, contrairement à moi, apprécie beaucoup. Alors je sais que pour agrémenter nos discussions musical, je me dois de tout écouter, et surtout d'aller les voir un jour en live ! Il y a aussi leurs récents passage en live/stream, notamment au festival Alcatraz filmé par Arte, ou encore le Dunk Festival qui à su proposer toute sa programmation en live. Et c'est dans ce dernier que j'ai découvert une part plus douce, plus acoustique, du groupe belge. D'ailleurs, le groupe à annoncé deux passages à Lyon, un en acoustique, l'autre en électrique.


De Doorn est l'exemple même de cette dualité au sein du groupe. La plupart des morceaux sont d'une durée de 10 minutes, avec pour concept d'alterner entre des passages atmosphériques où le chanteur Colin H. van Eeckhout raconte au lieu de hurler sa peine. Puis, dans les dernières minutes de morceaux comme Voor Immer, la rage implose, laissant échapper le chaos ambiant que reflète bien le single De Evenmens. Proche du Black comme du Doom, comme du Post-tout-ce-que-tu-veux, leur musique est puissante et majestueuse, comme sombre et dépressive. Ce n'est pas du Alcest, ni du Cult of Luna, c'est une musique regroupant de nombreuses influences, formant quelque chose d'unique, une musique que j'ai toujours autant de mal à cerner.


Ce nouvelle opus à le mérite de sortir de la longue saga Mass, entamé dès leur début, et proposant ici un chant en flamand, délaissant l'anglais (et le français parfois utilisé) pour leur langue maternelle. Ce changement permet d'imprimer une authenticité encore plus marqué, comme peuvent le faire de nombreux groupes islandais (Sólstafir, Sigur Rós, Kælan Mikla). Pourtant, après discussion avec mon ami fan de l'église de Ra, notre avis sur l'album reste mitigé. Nous savions au fond de nous que ces épines renfermées plus en leur fort intérieur. Mais il était difficile pour nous de l'approcher sans crainte et sans douleur.


Finalement, je ressens cette même profondeur musical insondable entrevue chez Neurosis. Une tempête démentielle.


Quelques années auparavant, j'expliqué à mes amis que je ne pouvais écouter une musique plus "violente" qu'Opeth. Aujourd'hui, je me retrouve encercler par des groupes de Death, de Black, cherchant encore plus la variété, les mélanges de saveur musicales, dans ce genre qu'est le Métal. Je sais aujourd'hui que mes goûts se sont bien construit, je sais parfaitement ce que je recherche comme expérience musicale. Amenra fait partie des expériences les plus singulières que j'ai pu approcher. Je sais qu'avec le reste de leur discographie, j'ai encore beaucoup à creuser, afin de réellement déceler ce qui m'attire chez eux. Ces airs langoureux qui me rappelle ce que j'adule dans le titre And With Her Came the Birds de Cult of Luna, ou cette violence que j'apprécie tant dans d'autres titres du groupe de Sludge Suédois.


Le calme et la tempête, chacun exploré dans leurs extrémités. Et si Amenra avait atteint ce qu'il y avait de plus extrême dans cette dualité ? Serait-ce donc ce chaos latent qui me laisse clouer sur ma chaise (ou tout autre support) à chaque écoute, tétaniser par la peur ? Cette violence qui vous vide de toute substance en vous écrasant face aux murs de guitares et à cette voix emprunt de désespoir. Et quand il ne reste plus qu'une douce mélodie, un instant de calme, la composition symptomatique du groupe vient vous achever.


Amenra est un groupe que j'ai du mal à cerner, et c'est bien en cela qu'il resteront pour moi un groupe important dans mon parcours musical. Un groupe qui ne ce laisse décemment pas apprivoiser. Une musique qui vous fait subir toute la tristesse d'un monde.

noireau299
7
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Créée

le 23 août 2021

Critique lue 332 fois

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noireau299

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