De Praestigiis Angelorum
7.7
De Praestigiis Angelorum

Album de VI (2015)

**Ceci est ma critique écrite pour le webzine Psychopathia Melomania : http://www.psychopathia-melomania.com **


  Depuis quelques années maintenant, la scène BM française n'a pas à baisser les yeux devant quiconque, bien au contraire. Riche de nombreux groupes extrêmement talentueux et aux influences variées, le Black Français est plus vigoureux que jamais et ne semble pas le moins du monde en perte de vitesse.
Aujourd'hui, je vous présente le premier album de VI, side-project des petits gars de Aosoth, dont le cinquième album ne va pas tarder à sortir (peut-être sera-t-il déjà sorti au moment où vous lirez ces lignes). Après un EP très remarqué (l'excellent De Praestigiis Daemonum), nos Frenchies reviennent cette fois-ci chez Agonia Records pour nous présenter un disque très anticipé. L'attente fut longue mais justifiée, de long en large et en travers.
En guise d'introduction, nous avons droit à de très beaux choeurs avec quelques larsens dans « Et in pulverem mortis deduxisti me. ». Et, sans crier gare, le premier vrai morceau de l'album nous arrive droit dans les gencives : « Par le jugement causé par ses poisons. ». Constat immédiat : la prod' est tout bonnement excellente. Fait rare, la basse est nettement audible et cela apporte un vrai plus aux compositions de VI. Les guitares se font grinçantes, bien crades. La batterie implacable, pas trop en avant. Et le chant, enfin, écorché à souhait et totalement maîtrisé. Enfin bref.
Dès les premières minutes, VI, accroche l'auditeur à l'aide d'une alternance de riffs violents et de mid-tempos beaux à faire chialer. De praestigiis Angelorum est un disque remarquable par la facilité avec laquelle il se permet de changer d'ambiance : les harmonies malsaines typées BM orthodoxe côtoient les envolées épiques propres à la scène Scandinave. Accords ouverts, tremolos furieux, dissonances, on nage en terrain connu, certes ; mais le tout est effectué avec efficacité. VI prend le temps d'installer un riff, laisse les instruments développer quelque chose avant de détruire l'édifice musical avec une brutale accélération et l'intervention de la voix de INVRI.
Le groupe est irréprochable de point de vue de l'efficacité, aucun doute là-dessus. Ce qu'on peut reprocher à VI, c'est de ne pas prendre trop de risques. Ah, excusez-moi : j'ai parlé un peu vite. Au beau milieu de « Regarde tes cadavres car il ne te permettra pas qu'on les enterre », un passage symphonique macabre interrompt la litanie, avant que la chanson ne reparte sur les chapeaux de roue pour 90 secondes. Bien joué, franchement.
Non, le véritable écueil de ce De Praestigiis Angelorum est une certaine forme de redondance dans la structure des morceaux qui, même s'ils sont tous de qualité, forment un ensemble auquel il est difficile de prêter attention pour l'intégralité de l'album. Bien sûr, on trouve quelques surprises comme le passage sus-mentionné dans « Regarde tes cadavres car il ne te permettra pas qu'on les enterre », ou le solo de « Il est trop tard pour rendre gloire. Ainsi la lumière sera changée en ombre de la mort » (au passage merci pour les titres à rallonge, pas pratique pour écrire la chronique), mais globalement il s'agît d'une œuvre à mon sens trop homogène, qui manque d'un petit grain de folie pour garder la petite flamme allumée.
Malgré cela, on admire la justesse des atmosphères et la beauté de la musique. Pour un premier essai, VI fait preuve d'une maturité impressionnante, même pour des gars rompus à l'art du Black Metal. Les types ne faisant pas les choses à moitié, De Praetigiis Angelorum se pare d'un très bel artwork. On pourra dire ce qu'on veut, les pochettes de BM, c'est quand même bien au-dessus de tout ce qu'on peut voir dans le metal, tout comme VI est au-dessus de la masse grouillante de formations officiant dans le style.
L'album étant en écoute intégrale sur le site du label, vous auriez tort de vous en priver. VI propose ici un disque de haute volée. Un groupe sur lequel il faudra garder un œil, car ils ne sont pas à l'abri de sortir un chef d'oeuvre dans les années à venir.
Holy_Rillettes
8
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le 23 nov. 2015

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