Comme certains Dijonnais peuvent déjà le savoir sur Sens Critique, Yves Jamait, c'est notre star locale. Notre Johnny bourguignon, si tu veux ! Pas une année sans qu'un évènement musical se produisent sur Dijon sans Yves Jamait, apparemment, resté fidèle à sa " maîtresse burgonde ". Outre l'aspect redondant de la chose, il me semblait important de rappeler cet album, petite pépite de variét'.


De verres en vers, c'est le tout premier album de Jamait. Il n'avait pas encore fait de duo avec Zaz, n'avait pas encore traduit ses chansons en anglais et n'était pas encore devenu pote avec Patrick Sébastien. La bonne époque. L'époque ou à Dijon, le bouche à oreille sur cet album amplifiait, grossissait. Où la Rue Berbisey, rue de la soif dijonnaise, ne désemplissait pas et où l'Univers, établissement éthylique bien connu des riverains, semblait être le repère de tout les zicos du coin. Et c'est dans cette ville, " longue à décoincée, à se bouger les fesses ", que tout commença pour cette album pas-plus-français-tu-meurs.


Entre textes à double sens, jeux de mots ( Le comptoir de l'univers L'univers étant un réel bar dijonnais ) ou envolées poétiques, où le " liquide " semble être toujours présent ( Caresse moi ), Yves Jamait vogue entre textes amoureux, à fleur de peau, vers humoristiques, sans oublier de parler de ceux qui " ont le cumul sympathique, de maire, et de député ". Thèmes variés, l'ensemble de l'album semble toutefois se nourrir de ruelles sombres, de lendemain matin vaseux, d'humour alcoolique, une tournée générale d'une cinquantaine de minute.


Sa voix de clopeur guttural, d'où semble jaillir des litres de vins rouges, est à double tranchant : on aime ou on déteste. Bien loin d'une voix enraillée et élégante à la Tom Waits, Jamait semble gueuler plus qu'il ne chante, en écho aux chansons les plus révoltés. ( Y'en a qui ... ), sans réels artifices, cette imperfection, quand même doublée d'un bon coffre vocal, donne en tout cas le sentiment d'une amer sincérité, d'un monologue de comptoir embelli... Bref, la voix de celui qu'on croise tout les jours.


Populaire, imagée et inspirée, de Verre en Vers reste sans doute la plus belle réussite de Jamait. Entre ambiance musette, jazz, variétoche française, le chanteur nous montre par la même occasion tout son talent parolier. Dure de dire la même chose des autres albums, qui non loin d'être mauvais ( Le coquelicot est d'ailleurs peut-être du même acabit que celui-ci ! ) , se perdent dans une facilité et une ambiance musicale beaucoup moins entraînante. Dû à sa notoriété soudaine ? Peut-être, OSEF, cet album est une petite pépite si les voix enraillées, puissantes ( et peut-être révélant un petit accent bourguignon...! ) ne vous dérangent pas, l'accordéon non plus.

-l-
8
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le 21 nov. 2015

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Na Nou

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