Pink Floyd en live, c'est toujours quelque chose. C'est notamment le cas avec David Gilmour, qui est un véritable monstre quand il se retrouve avec une gratte entre les mains.


Et là, il ne s'agit pas de n'importe quel concert, cette tournée marquait à l'époque le retour en force des Pink Floyd après plusieurs années de galère. Avec un Waters tentant le tout pour le tout pour dissoudre le groupe, les trois membres restants (enfin, deux et demi plutôt) sont de retour avec un album. A Momentary Lapse of Reason, un travail assez inégal qui regroupe à la fois de très bons morceaux (Sorrow, On The Turning Away), et des morceaux beaucoup moins convaincants (Yet Another Movie, A New Machine, One Slip).


Avec un public divisé entre ceux qui acceptent cette nouvelle tournure, et ceux qui hurlent au scandale quant à l'absence de Waters, Pink Floyd était dans une position désagréable. En ce qui me concerne, l'absence de Waters ne m'attriste pas plus que ça, même si je reconnais l'apport considérable de l'artiste. Mais soyons réalistes, la qualité du groupe a quand même prit un coup après son départ (malgré quelques morceaux de génies).


Revenons-en à ce concert, c'est précisément cette tournée triomphale qui a permis à ce qui reste des Pink Floyd à savoir Gilmour, Mason et Wright (revenu depuis peu) de retrouver cette gloire d'antan le temps d'afficher complet partout où ils vont et de conclure leur carrière avec un album honorable à savoir Division Bell.


Mais que vaut donc ce concert ? En vérité, c'est comme n'importe quel concert de Pink Floyd, c'est du très lourd. Les morceaux cultes du groupe fonctionnent à merveille en live ; Gilmour est comme je l'ai dit, un monstre et est capable de te sortir de ces solos d'enfer, les arrangements sont réussis, le bassiste Guy Pratt est remarquable et n'a pas à rougir de Waters car il fait vraiment bien le boulot (la preuve, il joue dans tous les concerts de Gilmour depuis et s'est marié avec la fille de Wright).


Cependant, c'est assez curieux, mais je trouve que Delicate Sound of Thunder a un peu les mêmes défauts que A Momentary Lapse of Reason à savoir que c'est un album très inégal. Attention, pas aussi inégal que A Momentary Lapse of Reason, sinon, je lui aurai pas foutu une aussi belle note, mais il y a clairement une différence de qualité entre la première et la deuxième partie du concert.


De plus, je trouve l'album assez court pour un concert. Seulement une heure et quarante-cinq minutes ? Le groupe avait largement le temps de placer un Echoes ou quelques morceaux de la période Barrett totalement absente dans ce live, ou encore un ou deux morceaux d'Animals qui ont à mon sens, été délaissés pendant les concerts. Le groupe a une discographie assez large et diversifiée pour partir dans tout les sens pendant au moins trois heures (même si c'est fatiguant pour les musiciens).


La première partie donc s'ouvre par Shine On You Crazy Diamond, là-dessus, rien à dire, on est tous au courant de la qualité indéniable du morceau, on ne peut désirer mieux pour une ouverture de concert et bien que je ne sois pas un fan absolu de cette chanson, le live vaut réellement le détour !


Puis, arrive l'enchaînement de pas mal de morceaux de A Momentary Lapse of Reason qui à mes yeux, n'ont pas leur place dans ce live. Bon, vous l'avez compris, je n'aime pas Yet Another Movie, et encore en live, je le trouve terriblement plat. Learning To Fly est très bien interprété d'un point de vue instrumental, mais je sais pas pourquoi, Gilmour a l'air de se faire chier au chant. Sorrow vient remonter le niveau, un morceau qui est clairement fait pour le live, ça se sent, et il est d'une puissance remarquable. On retourne vers quelque chose de moins surprenant avec Dogs of War qui, à part son merveilleux solo de saxophone, n'a pas grand chose à offrir, même avec la puissance d'un live. La première partie vient s'achever avec brio, grâce à On The Turning Away, décidément le meilleur morceau de A Momentary Lapse of Reason, le solo est allongé, puissant, bref, on s'en prend plein la gueule, et heureusement qu'il est là à vrai dire.


Car au final, de cette première partie, je ne retiendrai que Shine On, Sorrow, et One The Turning Away, le reste passe presque aux oubliettes face à ces trois morceaux qui sont très clairement d'un niveau supérieur.


Sauf que quand j'écoute un live des Floyd, c'est pas pour ces morceaux que je suis là, moi, ce qui m'intéresse, c'est des trucs comme Wish You Were Here, Money, Run Like Hell et surtout Comfortably Numb.


Durant l'écoute de cette seconde partie, je me suis malheureusement rendu compte d'une chose, c'est le retrait de Wright. Il n'est pas seulement le claviériste du groupe, mais également un chanteur qui a su me faire chavirer à de nombreux reprises avec des morceaux tel que Time ou durant le refrain de Us and Them. Le soucis, c'est que c'est Gilmour qui chante le refrain de Us and Them (pourquoi, je sais pas), et que Wright a l'air tout timide quand il chante dans Time. Surtout quand le morceau est raccourci et que la fin est sans raison retirée, un couplet entier retiré. Le morceau s'achève donc par un « Tought i'd something more to say », sans la reprise Breath, ce qui rend finalement le morceau assez décevant pour une prestation live bien que le solo soit surpuissant et que Gilmour balance toute sa rage au chant.


Les morceaux cultes du groupe sont très bien interprétés, même si certains manquent clairement à l'appel. Les plus grandes réussites resteront Money, Wish You Were Here, qui sont remarquablement reprises. Concernant Another Brick in the Wall, je trouve dommage qu'il n'y ait aucune introduction (The Happiest Days of Our Lives), j'ai presque l'impression que la chanson n'est interprétée que pour faire plaisir aux fans, car de tout les morceaux du concert, c'est clairement celui-ci qui rappelle le plus Waters, ce que Gilmour voulait éviter.


Mais bon, mais bon, j'en arrive à mon morceau préféré, le morceau que j'attends tout le temps dans un concert Pink Floyd (ou de Gilmour ou Waters seuls), Comfortably Numb. C'est le morceau que j'aime le plus au monde, et à chaque concert, Gilmour s'amuse à modifier le solo. Et ici, c'est tout simplement exquis. Rarement le morceau n'aura été aussi bien joué, la partie initialement chantée par Waters est remplacée par un chœur de chanteurs dominé par la voix de Wright et de Guy Pratt, et c'est très bien fait. Quant aux parties de Gilmour, il fait le taf, il chante comme un Dieu, joue de la guitare comme un Dieu, bref, un plaisir auditif qui se vit pleinement et qui vous fait monter au septième ciel pendant cinq minutes.


Le concert s'achève par un Run Like Hell très cool, qui donne envie de danser et qui s'achève en apothéose concluant parfaitement le concert.


En somme, c'est un concert riche en morceaux d'anthologie (en même temps, vu la discographie du groupe), mais en ce qui me concerne, j'aurai retiré quelques morceaux de A Momentary Lapse of Reason ou j'aurai tout simplement rendu le concert plus long, car il aurait duré une heure de plus, que tout le monde aurait été heureux. En bref, bien qu'il ne s'agisse clairement pas du meilleur live du groupe, il n'en demeure pas moins excellent, et vaut, comme pour chaque album du groupe, le détour.

James-Betaman
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le 10 juil. 2018

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James-Betaman

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