Spleen
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le 13 janv. 2020
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Un léger scintillement de cloches, puis une explosion de synthés glacés et majestueux, tel est le début du huitième opus de The Cure. Un disque que je vais entendre pour la première fois dans un bus me guidant à à travers les plaines enneigées de ma Lorraine natale. "Je ne le sais pas encore, mais je suis déjà Curiste" aurait dit le célèbre héros-survivant, en tout cas je fus instantanément conquis.
A la veille de ses trente ans, Robert Smith a de quoi se réjouir: Il vient de se marier avec son amie de toujours, Mary Poole, et son groupe est au sommet et soudé comme jamais. Pourtant l'amorce d'une nouvelle décennie l'angoisse. Alors, il prend la décision de ré-explorer les anciennes terres musicales de "Faith", celles de l'introspection et du spleen. Le prochain disque de Cure sera atmosphérique ou ne sera pas.
The Cure, version sextet depuis le Kissing Tour et l'arrivée de Roger O'Donnell venu prêter main-fort à un Laurence Tolhurst de plus-en-plus défaillant, va s'enfermer durant l'automne 1988 dans le studio The Manor, au beau milieu de la campagne anglaise en compagnie de son producteur attitré, Dave M. Allen. Les sessions iront bon train et dans la bonne humeur, chacun y ira de son idée, chacun sauf un. Tolhurst est totalement miné par ses problèmes de bouteille et fait figure au mieux de membre-fantôme, au pire de martyr pathétique. Une fois le mixage fini, il sera le seul à ne pas aimer le résultat, pourtant grandiose. The Cure sait à ce moment-là qu'il tient l'aboutissement musical de ses douze années de carrière avec un disque hors-pair.
Contrairement à ses trois prédécesseurs, "Disintegration" dénote par son unité stylistique. On est plus en présence d'une b.o. en douze actes que d'un patchwork. Les soixante-douze minutes de musique mettent largement en avant les ambiances, noyées dans les multiples couches de claviers, la batterie poignante et fortement reverbérée, les guitares en pizzicati et la basse émouvante de Simon Gallup. Chacun des morceaux s'enchaine parfaitement à celui qui le précède, et parle d'amour, d'espoir, de perte et de temps qui passe. "Plainsong" ouvre le bal de la manière la plus magistrale et restera encore aujourd'hui un des piliers du set live de Cure. "Pictures of you" et "Lovesong" sont deux déclarations d'amour poignantes à Mary, "Lullaby" deviendra le tube à la toile d'araignée et à mélodie de synthé imparable. "Fascination street" restera comme le morceau rock de l'album, "Last dance", "Untitled" et "Prayers for rain" sont magnifiques et planants tout comme "The Same deep water as you", morceaux pluvieux d'une dizaine de minutes. Le morceau-titre est également une longue odyssée nostalgique explosant à la fin sur des "How the end always is".
Les mots ne suffisent pas pour décrire cet album, il faut l'écouter - et absolument. Kyle Broflovski n'avait pas-t-il dit qu'il s'agissait du meilleur album du monde? On en est pas loin, et le succès sera au rendez-vous et amplement mérité.
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Créée
le 20 nov. 2023
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