Un second album prometteur

Emotions est le second album de Mariah Carey, sorti en 1991. On a tendance à l’oublier, car il se situe entre deux monstres :

• Le premier album Mariah Carey (1990), succès foudroyant de l'époque avec quatre singles numéro un aux États-Unis et 12 millions de ventes;

• Et Music Box, l’album crossover pop et ballades lisses mais gigantesque carton, porté par Hero, Dreamlover et Without You.

Entre ces deux bulldozers commerciaux, Emotions fait figure de disque plus modeste, au succès plus discret, avec une promotion courte. Au lieu de partir en tournée, Mariah a préféré retourner en studio. Pour moi, c’est une continuité du premier album, mais avec des accents beaucoup plus soul, R&B et gospel. On retrouve bien sûr les ballades vocales typiques de la Mariah du début des années 90 : So Blessed, And You Don't Remember, et surtout Can’t Let Go.

De vraies nouveautés artistiques, Cet album marque aussi plusieurs pas en avant dans sa direction artistique :

• Deux chansons produites avec David Cole, qui dynamisent l’ensemble : You’re So Cold et To Be Around You.
• Une collaboration prestigieuse avec Carole King, qui compose la musique de If It’s Over, sur un texte de Mariah un titre très soul, presque old school.
• Un titre profondément gospel, Make It Happen, inspiré de sa foi et de son parcours difficile, un morceau grandiose et essentiel dans sa discographie, le travail vocal est déjà bien plus riche que dans le premier album surtout sur le pont ou les refrains.
• La chanson titre, Emotions, sorte de revival disco mêlé à du R&B et de la dance, avec une énergie folle et bien sur avec sa voix de sifflet.
• Un piano-voix bar-jazz, The Wind, sur un texte très triste évoquant la perte d’un ami d'un accident de voiture, l’une de ses chansons les plus sombres, tragiques et vulnérables de sa carrière, j'apprécie ses graves dans ce titre et sa retenue par moment.

Pour toutes ces raisons, je trouve Emotions bien plus personnel et moins démonstratif que son premier disque ou que Music Box. On y retrouve une vraie vulnérabilité notamment dans The Wind et surtout, on voit enfin apparaître clairement ses racines soul, gospel et R&B, soutenues par son écriture et ses compositions.

La voix reste puissante et confiante, mais l’interprétation est moins "scolaire", moins dans la performance pour impressionner. La production est également bien meilleure que sur le premier album, et le disque gagne en cohérence artistique, loin des essais pop-rock un peu forcés du début de carrière.

La promotion du disque a été courte, seulement trois singles, un seul numéro un aux États-Unis, pas de tournée… et pourtant l’album s’écoule à 8 millions d’exemplaires à l'époque, ce qui reste énorme pour un disque considéré comme « mineur » dans sa carrière.